TÉMOIGNAGE

Un Français aux States

Jean-Louis Clément fait partie de ces jeunes Français qui sont partis aux USA … Pour y rester. Installé en Californie, dans un "endroit magnifiquement paumé au milieu de nulle part", ayant fondé une famille et acheté une maison, il se dit "parfaitement heureux" d'avoir franchi l'Atlantique".
Pourquoi ? Ecoutez son témoignage …

Name: Jean-Louis Clement 
Age: 30 
Occupation: 
Computer engineer 
Location: Corona, California 
Speak english and french.

Portrait d'un jeune Français qui en a marre de son pays 

Jean-Louis Clément est né en 1971 à Ajaccio dans une famille de militaire - son père,  ancien de la guerre d’Algérie, était officier de la sécurité civile en Corse. 
A l’âge de 9 ans, il commence “tout naturellement” à programmer en Basic l’ordinateur Sorcerer qu’on vient de lui offrir.
Précoce - et pas dans le moule - il s’ennuie à l’école, préférant suivre les cours de math que lui donne son frère aîné et apprendre l’anglais, dès l’âge de 11 ans, grâce au jeux de rôle Dongeons&Dragons.
Impatient d’entrer dans le monde du travail, il quitte l’école à 16 ans - “stupide erreur d'adolescent que je ne recommande à personne” - alternant durant 2 ans les petits boulots, de sapeur-pompier de saison à  mécanicien moto, aide-bijoutier, travail de chantier …
Enfin, en 1989 (il a 18 ans), il intègre la petite entreprise que vient de créer son frère aîné Alain à Marignane, près de Marseille.
C’est avec son frère, ingénieur diplômé en électronique et informatique, que Jean-Louis va se former, décrochant des contrats auprès d’entreprises publiques dans le domaine de la télécommunication basée sur la compression et le traitement de signal (exemples : création d’un système capable de traiter en temps-réel des images prises par un avion de reconnaissance et de les transmettre par ondes radio à une station au sol ou encore création de logiciels de support pour un projet de développement d'un coeur artificiel)
Et c’est également avec Alain qu’il va émigrer aux USA, après plusieurs déceptions professionnelles : un contrôle fiscal commandité par leurs concurrents et un refus de payer, avec corruption de fonctionnaires, de la part d’une administration que, par charité, nous ne nommerons pas.
Sans doute écoeurés par tant de mesquinerie et bridés dans leur enthousiasme …


 

        La Californie (ici le lac Tahoe) :
        l'état qui attire le plus de Français

Pourquoi choisit-il les States ?

Depuis toujours “fasciné par les US”, Jean-Louis Clément a eu la certitude qu’il y vivrait un jour lors d’un séjour en Floride en 1992 :
- “ce fut le déclic, le point de non-retour. Je savais dès lors que je finirais par m'expatrier un jour ou l'autre. Les expériences professionnelles négatives que j'ai vécu en France ont précipité les événements. J'étais très mal à l’aise, ne dormais plus beaucoup et serait peut-être devenu dépressif … Sauf que j’ai un tempérament à ne jamais capituler.
En effet, n’a t-il pas tous les traits de caractère typiquement américains : une nature indépendante, autodidacte, éprise de liberté individuelle ?
 


 
- “A mon sens, le système américain est une république démocratique, à l’inverse des systèmes européens plus “socialistes”. Je n'ai rien contre le social, mais le socialisme à outrance génère une situation étouffante pour toute personne éprise d'indépendance. Je ne le condamne pas, car beaucoup de gens se sentent plus confortables avec ce système, ayant sans doute besoin d'être guidés et protégés par un gouvernement plus centralisé. ça n'a tout simplement jamais été dans ma nature. Je préfère moins d'avantages de la part de mon gouvernement mais plus de liberté individuelle …”

         Vallée de la Mort, dans le désert californien


 

         Côte du Pacifique, Californie

Pourquoi les cerveaux quittent la France 

Conseillés par une avocate d'immigration en Californie, Jean-Louis et son frère opte pour un visa E ou visa d'investisseur. Comme ils possédaient déjà une petite compagnie d'import-export en Californie, depuis 1992, ils ont pu transférer " toute la technologie et les droits intellectuels de la compagnie francaise à la compagnie US", soit une valeur de plus de 2 millions de dollars.
Le visa d’investisseur (coût : environ 3000 dollars par personne) est un des plus difficiles à obtenir : valide 5 ans, renouvelable tant qu'on investit et paie ses impôts sur place, il donne la possibilité de s'installer définitivement aux Etats-Unis, voire d'obtenir la nationalité américaine au bout de six ans. L'entreprise doit faire des bénéfices et il est fortement conseillé d'employer des citoyens US. Quelques autres options comme investir dans des Federal Bonds aident à renouveler le visa. 


 
Comment les cerveaux sont accueillis aux States

Un an plus tard, en janvier 1999, Jean Louis et son frère obtiennent enfin leur visa E : "entre temps, notre compagnie aux US contractait suffisamment pour payer les factures et nos besoins minimum. Quand je dis contractait, cela signifie que nous allions développer du code et de l'electronique pour des projets d'autres compagnies … Donc pendant un an, on travaillait sur des projets tout en ne sachant pas si l'on obtiendrait le visa E (mon frère avait un visa B et je venais aux States pour des périodes de trois mois)". 
Mais un heureux évènement vient bouleverser ses plans : Jean-Louis se marie en septembre 2000. Son visa E est donc automatiquement annulé, tandis qu'il fait une demande de carte verte, obtenue en août 2001. Après une période probatoire de deux ans, sa carte verte deviendra définitive. 
La demande de nationalité : il faut avoir vécu six ans aux States, en payant ses impôts mais sans commettre de crime.

    La nationalité américaine se mérite


 

Le pick-up et la maison individuelle, 
symbole du généreux mode 
de vie américain

Une intégration sans aucun problème

"Ce fut sûrement la chose la plus facile pour moi. Je ne me sentais pas à l'aise en France et avais déja un mode de vie américain pour ce qui est du travail et toutes les choses de la vie quotidienne.  Je n'ai eu aucun mal à m'adapter. Pour la langue, ce qui est le plus difficile c'est l'accent et le vocabulaire de tous les jours, comprendre et se faire comprendre. Le système d'éducation francais ne prépare pas du tout à se débrouiller aux Etats Unis. C'est fort dommage. L'anglais Americain est certainement le plus facile et direct à apprendre. Afin de palier a ce problème, je conseille fortement de regarder intensivement la télévision américaine. Après un mois, l'americain parlé ne me posait plus aucun probleme. C'est sûr qu'au début, on arrive pas à tout comprendre, mais ça vient très vite si on a des bases en anglais".


 
Plaidoyer pour le mode vie américain

"Il est difficile de parler DU mode de vie des Américains. On devrait plutôt dire DES modes de vie, il y a tellement de diversités. 
Je pourrais peut-être parler de petites divergences quotidiennes entre la France et les US : les Américains dinent plus tôt, entre 17 et 19 heures. Ils sortent aussi plus tôt et rentrent donc plus tôt chez eux. Personnellement, je trouve ça bien car on peut sortir en semaine sans se soucier d'être trop fatigué le lendemain au boulot.
Contrairement aux idees reçues, les Americains font beaucoup d'exercices physiques et de sports. Ils sont très actifs, surtout en week-end. On mange très bien aux US. Comme partout cependant, il y a des endroits a déconseiller, mais il est possible de manger ce qu'on veut (francais, italien, vietnamien, marocain … ) à presque n'importe quelle heure. Et même plusieurs cuisines typiquement américaine comme (une de mes préférée) celle du mid-west ou du Texas.
Le service est le plus souvent excellent. L'administration est efficace et généralement pas compliquée,  très aimable avec sa "clientèle", car oui, l'administration considère les gens comme des clients.
Bref, dans l'ensemble, la vie de tout les jours est extrêmement facilitée et les gens sont en général bien plus aimables qu'en France."


 
Ce que les Américains pensent des Français

Les Américains adorent la France, son histoire, sa culture, ses monuments, Paris et la Cote d'Azur. Ce qui leur vient d'emblée a l'esprit, c'est Lafayette, l'aide apporte par la France pendant la guerre d'Indépendance, le débarquement de Normandie, la libération de Paris et l'accueil le plus chaleureux que des GIs n'ai jamais eu au monde, la statue de la liberté, le Concorde, la cuisine et le vin français … Bref, énormément de choses positives. On a un peu l'impression que les Américains considèrent les Français comme des petits cousins, des gens de la même famille. 

Ce que les Français pensent des Américains 

Par contre, beaucoup de Français lorsque l'on évoque les US pensent téléfilms et shows stupides, manque de culture, obésité, MacDonald, complexe de supériorité, vente libre d'armes, peine de mort, etc... Bref, beaucoup de choses négatives. Bien sûr, ce n'est pas tout le temps le cas, mais ces points reviennent en permanence lorsque l'on discute des US avec des Français. 

Pour moi, les Américains sont indéniablement positifs alors que les Français semblent être pessimistes et peut-être jaloux de cet état d'esprit innocent qui nous fait voir les Américains comme de "grands enfants".
Les Américains sont extrêmement plus tolérants que les Français. On peut le voir dans la vie de tout les jours et dans les rues. Par exemple, les gens ne tournent pas la tète ou ne font pas de commentaires bases sur l'apparence des autres. Les jolies femmes ne sont pas dévisagées de la tète aux pieds lorsqu'elle marchent dans la rue. Ce genre d'attitude est considérée comme extrêmement "rude". Lorsque quelqu'un réussît dans la vie ou quelque chose de bien lui arrive (gagner le gros lot) les Américains ne montrent aucune jalousie. Ils sont même très supportifs et les commentaires habituels sont "Great!" ou "Good 
for you!".
Contrairement a ce que l'on entend en France, les Américains sont très famille et communautés. Le fait d'avoir moins d'assistanat d'état sûrement joue un rôle dans cette proximité famille/amis/voisins. Une des traditions qui le montre bien c'est les "school reunion". Le père d'un ami est récemment allé à sa "70th school reunion" bien qu'ils n'étaient plus que 3 en vie!

 

      Jean-Louis s'est installé dans 
      un endroit "magnifiquement 
      paumé au milieu de nulle part", 
           du désert californien 

Mon business : “améliorer des technologies existantes et développer de nouveaux standards”

Bref, les USA sont vraiment le pays de la libre entreprise et de la liberté individuelle, qui favorise l'accès à une liberté financière pour tous et permet, avec un peu de chance, de devenir riche. 
Mais surtout, bien plus que l'argent, l’American dream est peut-être ce sentiment de liberté et d’absence de limites"

       Jean-Louis a trouvé son bonheur 
               aux USA !

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