Après la frontière espagnole, soudain,
tout change.
Le revêtement de la Nationale n'est fait
que de rapiécages et de nids de poule, le marquage au sol effacé.
La nature semble laissée à l'abandon. Ou du moins, les parcelles
cultivées semblent minuscules : petites vignes, petits champs bordés
de murets. Et les conducteurs
comme nous aurons longuement l'occasion
de le constater, sont comme on nous les avait décrit : fantaisistes.
Une carriole tirée par deux chevaux dans
un chemin creux. Le paysage est vallonné et vert, parsemé
de roches noires (d'origine volcanique ?).
Guarda, première petite ville perchée
après la frontière. Si les routes d'accès sont anciennes
et en mauvais état, on trouve plusieurs concessionnaires auto démesurés
(mercedes, Honda
) et un hypermarché (Intermarché) flambant
neuf. Contrastes étonnants.
Nous reprenons la route cahin caha, pour trouver
enfin un bel hôtel blanc, le Mira Serra, à Celerico. On parle
français et la chambre est très bien, avec une salle de bain
(pour 266 francs, petit déjeuner inclus).
Seul le lit se révèlera mortel
pour mon dos : première - et non dernière - expérience
malheureuse des matelas portugais (à ressorts défoncés
!).
Le village de Celerico a un certain charme, quand
on arpente ses ruelles pavées, by night. Les maisons ont des murs
robustes, composés d'énormes blocs de granit.
Le seul restaurant ouvert nous plonge dans l'ambiance
familiale (typiquement ?) portugaise : servis par la fille, nous
goûtons enfin à cette fameuse morue ("bacalhau") aux pommes
de terre, très salée. La mousse au chocolat (très
sucrée) est retombée
mais 3000 escudos à deux, (soit
100 francs) on ne peut pas se plaindre.
Vendredi 14
Après le brouillard du matin, revient le
soleil. Le déjeuner est un copieux buffet complet : première
impression positive, pour nous qui sommes des adeptes du petit déj
!
Heureusement qu'on a gagné une heure (le
Portugal est à l'heure de Londres), ce qui nous permet de déjeuner
tranquillement. A 11 heures, nous reprenons la route pour observer
avec curiosité ce pays inconnu.
Première impression du Portugal : un
paysage vallonné, des conifères, des maisons blanches aux
tuiles orangées. Collines boisées et oliviers, eucalyptus
et murs de pierres sèches. Les parcelles agricoles sont minuscules
: chaque maison possède son petit champs de maïs, deux ou trois
oliviers et quelques pieds de vignes.
Contrastes entre des portions de vieille route
crevassée et de magnifiques rocades flambant neuves
Embarqués par erreur sur l'une d'elles,
nous y restons, pourquoi pas. Direction : Coimbra !
Pins et eucalyptus odorants, mais aussi mauvaises
herbes, roseaux et décharges sauvages : une nature "telle quelle".
Au volant, les Portugais semblent déchainés
: en petite ou en grosse voiture, ils ne savent conduire que pied au plancher.
Et la voiture les fascine, si l'on en juge par le nombre - et surtout la
taille (gigantesque) - des concessionnaires auto Toutes marques confondues,
cependant on voit ici moins de robustes voitures allemandes qu'en Espagne.
Comme nous ratons également Vila Real pour
cause de panneaux pas assez "indicatifs", va pour Aveiro, entourés
de pins et eucalyptus odorants - et de camions puants !
Aveiro, ses zones industrielles, son MacDo et
son Carrefour
et ses "praia" (plages).
Dans la soirée, nous faisons une ballade
sur la plage, en empruntant une jetée en bois qui mène à
un phare. Accompagnés du cri des mouettes, nous respirons cet air
marin vivifiant, tout en contemplant le coucher de soleil
En face, de l'autre côté de l'Atlantique,
l'Amérique : en ces jours de terreur venue du ciel, nous avons une
pensée très émue pour les New Yorkais
et tous nos amis américains.
Pour diner, le snack du coin fait très
bien l'affaire : même si nous devons "assister" au match de foot
du moment à la TV, avec une petite foule de (plus ou moins) mordus.
Les filles ayant plutôt l'air de s'ennuyer (pour le dire gentiment).
Samedi 15
De nouveau, mon matelas à ressorts m'a
labouré les côtes toute la nuit. Je prédis la fortune
au premier qui viendra vendre des matelas confortables aux Portugais !
Heureusement que le p'tit déj est
réconfortant (deux petits pains à l'allemande et une brioche)
servi sur une nappe bien blanche. Du côté propreté,
rien à dire. Ou alors, oui : que tout est parfaitement propre, même
si parfois désuet.
Nous traversons la zone portuaire et ses lagunes
sous un soleil très doux. Des marais salants, si j'en crois les
pyramides de sel blanc
Bientôt sur l'autoroute (désormais,
nous évitons si possible les routes secondaires), cap au nord, vers
Porto, dont la vieille ville est classée patrimoine mondial, parait-il.
Au volant de leurs plutôt belles voitures
(et souvent neuves), nos amis Portugais sont toujours aussi pressés
: eux qui nous ont semblé si débonnaires. Presque aussi rapides
que des Allemands
mais plus approximatifs !
A l'approche de la ville de Porto, située
au fond d'une vaste cuvette, des échangeurs et des 4 voies modernes.
En construction, un énorme pont suspendu. Des villages neufs à
l'américaine. Autant de signes de dynamisme.
Par contre, ayant raté le centre (toujours
ce panneautage irrationnel, du moins à mon goût), nous nous
retrouvons "dans" l'envers du décor. Un vieux quartier anarchique,
entre constructions neuves et façades décrépites,
vieilles femmes en noir et jeunes cadres dynamiques en BMW. De grosses
matronnes marchandent, une autre vend des fleurs assise par terre, trois
vieux papotent debout au coin d'une rue. Voitures en double file dans cette
rue étroite, revêtement catastrophique, vieux pavages défoncés
et nid de poule profonds
Terrains vagues à l'abandon. Trop glauque
pour nous, fuyons.
"Porto, ville peu engageante, mais recèle
des merveilles", disait mon guide. Nous n'en aurons vu que l'aspect, mais
tant pis.
Et si on essayait Braga, la ville aux 30 églises
baroques ? Avant de s'extirper de Porto, où de pauvres maisons de
campagne semblent comme prisonnières de la ville, coincées
entre un hypermarché Leclerc et une bretelle d'autoroute. Terre
de contrastes !
![]() ![]() ![]() ![]() |
Braga, "cidade baroco" : la capitale du Minho est une vraie merveille baroque, où il fait bon déambuler |
Enfin Braga, "cidade baroco", après avoir
encore une fois raté la sortie : 20 kilomètres de trop plus
loin, nous traversons une jolie nature verte, entre vignes et oliviers,
où quelques grosses maisons neuves d'un mauvais goût flamboyant
cotoient de petits pavillons modestes. Ces maisons neuves sont un outrage
au bon goût, un mélange de matériaux et de "styles"
sans aucune limite (brique, ardoises, tuiles
).
A l'entrée de Braga, des immeubles neufs
et un gigantesque hyper Carrefour.
Braga, réputée pour ses
30 églises baroques, est une sympathique petite ville aux rues pavées
: une jolie place agrémentée de deux fontaines exubérantes,
et de nombreuses rues piétonnes bien agréables à arpenter.
D'autant plus que les surprises sont à chaque coin de rue : là,
une petite église baroque, là une façade couverte
d'azuléjos, ici une porte ancienne
De nouveau sur la Nationale 103, cap au nord,
après moultes difficultés d'orientation (je ne me fais pas
à ce panneautage illogique). Sur cette route étroite, les
conducteurs ont perdu la nonchalance qu'on leur a vu deux minutes auparavant,
hors de leur voiture. Là, ils doivent doubler à tous prix
: mais comme ils s'engagent lentement aux carrefours, ils nous feront
plusieurs frayeurs en nous coupant la route à une allure de limaçe.
Heureusement qu'on n'est pas cardiaque. Par contre, enfin engagés,
ils appuient à fond sur le champignon !
Le nord du Portugal m'apparait comme une région
verte, boisée, vallonnée. Une haute futaie d'eucalyptus
où des "putes" bien en chair attendent le client, étalées
langoureusement sur le siège avant de leur voiture.
Voici bientôt Viana do Castello, joli petit
port peu fréquenté (je veux dire par les touristes), qui
possède un centre piétonnier et "son" château sur la
colline. Bien agréable de déambuler dans ces rues proprettes,
aux maisons blanches, en traversant des jardins publics fleuris et ombragés
pour éviter la chaleur.
Un peu rafraichis par une énorme glace,
nous repartons, cheveux au vent (sans le toit de la Targa), vers le sud
et notre Pensao, par une "autovia" (voie express gratuite) toute neuve,
où l'on prend de l'essence dans d'immenses stations-services également
neuves. Décidément, les Portugais raffolent, beaucoup plus
que les Français, des grosses voitures
Un pays visiblement en
plein boom économique.
De retour à Barra, après quelques
courses dans un Feira Nova (un hypermarché à la portugaise,
c'est à dire
un hypermarché !), nous arpentons by night
notre petite station balnéaire, un peu plus animée en ce
samedi soir, où les familles au grand complet sont de sortie (du
bébé à la grand-mère).
Nous retournons pour diner dans le même
snack, les autres étant surtout des pâtisseries : on aime
les douceurs et sucreries, ici !
Dimanche 16
Enfin prêts sur le coup de 11 heures,
nous avons la désagréable surprise de trouver une rayure
sur le capot arrière
Notre belle Honda rouge attirerait les jaloux
?
Pourtant, jen'arrive pas à imaginer
un Portugais envieux et jaloux (surtout de notre voiture vieille
debientôt 10 ans et payée 45.000 francs !) : ils ont l'air
tellement nonchalants et placides.
Une remarque subjective : les filles ont de
bonnes fesses (et de belles poitrines selon M !), les garçons sont
plutôt dodus et doux comme des gros nounours.
En route pour Nazaré, dont on nous a dit
beaucoup de bien. Par une belle portion d'autoroute qui traverse une contrée
très "sud" : pins, lauriers roses et eucalyptus. Puis c'est la route,
par Leira (on enlève le toit). Désormais, je me dirige au
soleil : cap au sud.
Contrastes portugais entre énormes
maisons flambant neuves et modestes cabanons déguinglés,
mais gigantesques concessionnaires Honda et Citroën. Leurs deux passions
: auto et maison ?
Enfin Nazaré, ancien port de pêche
manifestement en plein essor anarchique (immeubles neufs, chantiers, grues)
et vieux villages sur la falaise. Une vieille femme à turban sur
sa charette tirée par un cheval et une nuée de touristes.
Un brin étouffant. Enfin garés dans la ville haute, nous
admirons la vue depuis la terrasse en surplomb.
Malheureusement trop touristique à notre
goût, reconnaissons que le site de Nazaré est néanmoins
magnifique.
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La ville haute et sa terrasse en surplomb |
Nazaré et sa place blanche de style mauresque | Le village vu depuis l'immense plage de sable fin |
La plage, peu fréquentée dès
qu'on s'éloigne quelque peu, est rafraichie par un air marin
bien agréable.
On enlève le toit pour reprendre la petite
route, sans marquage mais sans nids de poule, qui serpente entre roseaux,
pins parasols, eucalyptus, sol jonché de papiers.
Un quartier de maisons neuves, de petits champs
cultivés entre des haies de roseaux. Un pont d'autoroute tout neuf,
une Jaguar
Et un conducteur qui nous coupe la route.
La construction neuve est en plein boom, les
(jeunes ?) Portugais délaissant les vieilles maisons. Immeubles
et maisons neuves cotoient HLM décrépis, terrains vagues,
décharges sauvages.
Nous arrivons enfin à Obidos, malgré
des panneaux fantaisistes.
Très touristique, Obidos est un village-musée
conservée dans un état parfait. Cerné de murailles
crenelées érigées par les Maures, c'est un village
blanc sur une colline, noyé sous les bougainvilliers.
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Obidos, ses rues pavées en pente, ses maisons d'un blanc éclatant dont le soubassement est peint en bleu et jaune, son chateau avec donjon |
Château transformé aujourd'hui en
"pousada" (hôtel géré par l'Etat).
Deux heures plus tard, partons pour Lisboa (Lisbonne)
par l'autoroute, avec "portagem" (péage). S'ils roulent vite sur
route, que dire de l'autoroute ? Des fusées dans leurs voitures
neuves, qui n'ont pas le temps de contempler ce paysage doucement vallonné,
couvert de vignes et d'arbres fruitiers.
A l'approche de la capitale, un bouchon qui signe
la grande ville (près de 3 millions d'habitants). Une énorme
colline couverte de HLM, vieilles et neuves, une maison neuve rose vif
cotoyant un taudis, des grues par milliers. Nous trouvons plutôt
facilement notre pensao Saldanha, réservée par Internet (info@residencialsaldanha.pt).
Après trois jours bien remplis passés
à Lisbonne, nous retrouvons notre voiture (laissée au parking)
pour prendre, sous un ciel couvert (et moi avec un début de mal
de crane), la direction de Sintra.
Tandis qu'on s'extraie peu à peu de la
banlieue de Lisbonne, empruntant des échangeurs qui se font des
noeuds, je flashe, une fois de plus, sur le mélange étonnant
de modernisme et de vétusté, d'archaïsme et d'illogismes.
La route pour Sintra ? Tourner à droite,
puis à gauche, puis encore à gauche, revenir à droite
Lisbonne est décidement une ville en plein boom mais les conducteurs
toujours aussi dangereux.
Une demie-heure plus tard, enfin sur la bonne
route (IC19).
Nous retraversons Lisbonne, par ces tours et détours
chers aux Portugais, avant d'emprunter le pont du 25 Avril, un surperbe
Golden Gate (suspendu, métallique, rouge).
De l'autre côté, encore un temple
du commerce en construction (avec Mr Bricolage, Casa, Pizza Hut
) et ces
grappes d'immeubles neufs, plus ou moins hautes, de couleurs variées.
Bientôt sur l'autoroute (A2), voici
lAlentejo,
plat, sec, au sol sablonneux planté de pins et de chênes.
Sur une "area de serviço", nous goûtons
pour le déjeuner au fromage local (très salé). J'achète
Newsweek pour avoir des nouvelles fraiches en provenance de l'Amérique.
Voila un paysage de caractère qui me
plait : mamelons arides couverts d'herbes sèches, pins parasols,
chênes-lièges et quelques eucalyptus. L'Alentejo fournit en
liège toute l'Europe
Et soudain, plus personne : quel contraste
avec les 3 millions de personnes de l'agglomération de Lisbonne.
Plus on descend vers le sud, plus l'air devient
chaud et sec, de même que la terre, tellement sèche qu'un
tracteur soulève des nuages de poussière. L'autoroute, flambant
neuve, se termine à Castro Verde (70 francs pour les 160km). Nous
continuons donc par la route, cheveux au vent. Un peu plus tard, cherchant
un endroit où s'arrêter pour une photo, nous trouvons
![]() ![]() Paysage typique de l'Alentejo : chênes-liège, moutons, villages blancs |
le village de Santana da Serra, blanc, comme hors du temps, avec ses moutons, ses écorces de liège empilées | ![]() |
Enfin, l'Algarve, un paysage soudain
plus vert, boisé, vallonné. Cyprès, eucalyptus, saules-pleureurs,
vignes
et une région plus fréquentée que la désertique
Alentejo.
Nous apercevons enfin l'Océan (oceano
atlantico). Direction Quarteira, où nous avons réservé
par internet un "bed and breakfast". Pas facile à trouver, il nous
a fallu les explications (en anglais) d'un sympathique Jorge pour arriver
à bon port.
La Vila Belinha a l'air pimpante. Diner dans
un "restaurant suisse" (eh oui) de rösti de Berne et Eis Kaffee :
au moins, on sait où on va (quoique le rosti soit décevant,
trop gras).
Vendredi 21
A nous l'Algarve. Après avoir changé
de chambre (et repris une vraie douche), nous partons, sous une pluie fine
(zut !) : le style de l'architecture a l'air ravissant ici, maisons
d'un blanc éclatant, dotées de jolies cheminées décoratives
pointues, petites touches de couleurs. Style mauresque : arcades, rembardes
en frise de béton
noyées sous les bougainvilliers, pins
parasols et autres lauriers roses.
Manque de chance, le temps se gâte, la
pluie devient battante. On passera cette journée de pluies diluviennes
au centre commercial "Algarveshopping" : immense, tout neuf, à
l'américaine, avec des couleurs et un charme typiquement portugais,
un vrai plaisir de faire les boutiques. Ce sera moins la fête pour
notre compte en banque !
En fin d'après-midi, nous tentons de prendre
la direction de Silves, tout proche. Après des tours et détours
(route défoncée, trombes d'eau et travaux), nous arrivons
enfin à Silves, un joli village sur une colline de terre rouge,
avec ses remparts,et tours crenelées (chateau médiéval),
sa cathédrale massive en pierres rouges du 12ème siècle,
ses ruelles pavées en pente, ses maisons blanches sans étages.
Samedi 22
Le ciel est encore couvert ce matin, nous partons
pour Loulé, "peu touristique" d'après mon guide. Erreur grossière,
c'est très touristique, ça bouchonne et c'est jour de marché.
Fuyons.
Par hasard, nous trouvons une petite route qui
monte dans la Serra (colline) d'oliviers et de cyprès.
Collines plantées de chênes-lièges
gris-verts sur un sol rouge. Pour trouver la direction de Tavira, je m'oriente
au soleil, car ces tours et détours obligatoires me font perdre
le nord : j'ai compté une dizaine de changements de direction dans
le même bled de S. Braz.
La route qui descend sur Tavira devient nickel,
toute neuve.I ntermarché et Lidl viennent de s'implanter, leurs
parkings sont tout neufs. Tavira est un ravissant petit port de pêcheurs,
qui fut, parait-il, prospère au 15ème siècle, où
nous resterons plus de trois heures.
![]() ![]() |
Tavira, ses vrais pêcheurs dans leur barque, sa Sé (cathédrale), son Castelo dont il reste quelques remparts sur lesquels on peut grimper. | ![]() |
Ses façades couvertes d'azulejos, ses petits
jardins publics bien taillés, son marché couvert qui date
de 1860, son pont romain.
Bientôt, nous poursuivons vers Faro, où
nous faisons une rapide ballade sur le port. Rien à signaler, si
ce n'est un deuxième Temple du Shopping, "Forum Algarve", magnifique
centre moderne, agrémenté de fontaines, où nous dinerons
chez Flunch!
Dimanche 23
Ce matin, le temps s'est dégagé,
enfin. Nous décidons de nous lever "tôt" (9 heures !) pour
aller faire un tour, à pied, sur la "praia" (de Loulé
Velho), toute proche.
Faute de se baigner (l'eau est trop froide et
agitée), nous marchons pieds nus sur le sable de cette immense plage
très peu fréquentée : un superbe souvenir, pour
nous qui sommes habitués des plages bondées de la Cote d'Azur.
En début d'après-midi, nous mettons
le cap à l'Ouest, direction la péninsule de Sagres.
Sans le toit, j'observe la terre rouge, le maquis
vallonné et la belle architecture blanche, d'inspiration mauresque,
de l'Algarve. A l'approche de Portimao, de fortes odeurs de varech se dégage
des lagunes. Un majestueux pont suspendu tout blanc.
Enfin, Lagos, où nous resterons
deux heures à déambuler : cette ville qui fut le point de
départ des grandes expéditions, est aujourd'hui une très
jolie station balnéaire, authentique, avec sa forteresse carrée
à l'entrée du port, sa plage abritée par des falaises
jaunes, ses remparts et ses ruelles pavées, ses maisons basses et
son port de plaisance, sa Promenade sur le front de mer. Lagos, à
ne pas manquer !
Installés pour déjeuner en terrasse
d'un snack, dans une petite rue tranquille, j'observe un vieux Portugais,
tout de noir vêtu et coiffé d'un chapeau, qui installe une
chaise dans la rue, devant la porte de sa maison, et reste assis, impassible
et regard au loin, durant un bon quart d'heure. Impressionnant !
Poursuivons notre route vers Sagres, dans un
paysage plus sauvage de lande, herbes et cailloux, parsemé de villages
blancs.
Si le village de Sagres n'offre rien de particulier,
c'est la péninsule sur laquelle il est situé qui vaut le
voyage.
La péninsule de Sagres : un vaste
plateau, lande aride fouettée par un air marin qui sent le sel.
Cabo San Vicente (le Cap Saint Vincent) est la pointe extrême
de cette lande désolée : un vieux phare et une forteresse
massive perchée sur une falaise qui tombe à pic dans l'Océan,
marquent également la pointe sud ouest du continent européen.
Un vivifiant bol d'air en provenance du grand large.
Dommage que j'ai fini ma pellicule-photo : il
faudra revenir ! Après avoir diné dans un fast-food d'Algarveshopping,
revenant à la nuit tombée vers notre pension, nous sommes
arrêtés par la police, pour un contrôle complet de nos
papiers. On les a tous
Lundi 24
Un vieux paysan à moustaches et béret
se tient immobile au bord de la route. On dirait qu'ici, les vieux sont
déboussolés par le monde moderne, regardant, un peu hagards,
passer les grosses Mercedes.
Odemira, hameau de maisons blanches sans étage,
aux soubassements peints de bandes jaunes et bleues : son Lidl et son distributeur
de Coca. Après avoir fait un tour à pied, nous déjeunons
en terrasse d'un snack.
L'air est chaud mais léger, la route belle,
traversant eucalyptus et forêts de pins.
Bientôt, revoici l'Algarve, un plateau
aride et venteux à l'approche de l'Océan. Le sol devient
sableux à Bordeira.
Carrapateira, hameau blanc désolé,
avec ses dunes de sable
et une petite route sans indication qui, à
vue de nez, se dirige vers l'Océan. Bientôt garés dans
les dunes parsemées de cactus, nous faisons quelques dizaines de
mètres à pied
avant d'apercevoir les falaises noires qui
plongent dans l'Océan : une beauté à couper le souffle.
Fouettés par le vent du large, nous en restons littéralement
bouche bée !
Sans doute volcanique, cet énorme plateau
rocheux, comme entaillé verticalement par quelque géant,
prend des couleurs variées avant de se jeter dans un Océan
turbulent, furieux, offrant toutes les nuances du turquoise au blanc. Un
combat entre l'eau et la roche.
A la recherche d'une plage, nous la trouvons
un peu plus loin, dans un site à peine moins sauvage, après
avoir emprunté une petite route discrète à travers
lande. La "praia do Amado" est immense, autant en largeur qu'en longueur,
au pied des falaises roses et noires et au bout d'une lande aride crevassée.
Quelques camping-cars d'Allemands et d'Anglais, venus pour le surf, un
air marin enivrant
Une plage pour les amoureux d'une nature sauvage et
quasi déserte. Nous reviendrons (et avec une pellicule dans
mon appareil) !
Retour par Lagos, où nous faisons encore
une ballade sur la jetée et le port. Au vue de la vitrine d'une
agence immobilière, nous déduisons que cette région
préservée plait aux Allemands (beaucoup), aux Anglais (un
peu).
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