CARNET DE VOYAGE / PORTUGAL 2001
     Le PORTUGAL entre 
ombres et lumières
Partons à la découverte du Portugal et de ses contrastes criants. Entre modernité récente et tradition ancestrale - vieilles femmes en noir et jeunes cadres dynamiques en BMW, azuléjos et hypermarchés - entre nonchalance (à pied) et speed (au volant) ! Un petit pays qui a beaucoup de charme …(cliquez sur les images …)

Après la frontière espagnole, soudain, tout change.
Le revêtement de la Nationale n'est fait que de rapiécages et de nids de poule, le marquage au sol effacé. La nature semble laissée à l'abandon. Ou du moins, les parcelles cultivées semblent minuscules : petites vignes, petits champs bordés de murets. Et les conducteurs … comme nous aurons longuement l'occasion de le constater, sont comme on nous les avait décrit : fantaisistes.
Une carriole tirée par deux chevaux dans un chemin creux. Le paysage est vallonné et vert, parsemé de roches noires (d'origine volcanique ?).
Guarda, première petite ville perchée après la frontière. Si les routes d'accès sont anciennes et en mauvais état, on trouve plusieurs concessionnaires auto démesurés (mercedes, Honda …) et un hypermarché (Intermarché) flambant neuf. Contrastes étonnants.
Nous reprenons la route cahin caha, pour trouver enfin un bel hôtel blanc, le Mira Serra, à Celerico. On parle français et la chambre est très bien, avec une salle de bain (pour 266 francs, petit déjeuner inclus).
Seul le lit se révèlera mortel pour mon dos : première - et non dernière - expérience malheureuse des matelas portugais (à ressorts défoncés !).
Le village de Celerico a un certain charme, quand on arpente ses ruelles pavées, by night. Les maisons ont des murs robustes, composés d'énormes blocs de granit.
Le seul restaurant ouvert nous plonge dans l'ambiance familiale (typiquement ?) portugaise :  servis par la fille, nous goûtons enfin à cette fameuse morue ("bacalhau") aux pommes de terre, très salée. La mousse au chocolat (très sucrée) est retombée … mais 3000 escudos à deux, (soit 100 francs) on ne peut pas se plaindre.

Vendredi 14

Après le brouillard du matin, revient le soleil. Le déjeuner est un copieux buffet complet : première impression positive, pour nous qui sommes des adeptes du petit déj !
Heureusement qu'on a gagné une heure (le Portugal est à l'heure de Londres), ce qui nous permet de déjeuner tranquillement.  A 11 heures, nous reprenons la route pour observer avec curiosité ce pays inconnu.
Première impression du Portugal : un paysage vallonné, des conifères, des maisons blanches aux tuiles orangées. Collines boisées et oliviers, eucalyptus et murs de pierres sèches. Les parcelles agricoles sont minuscules : chaque maison possède son petit champs de maïs, deux ou trois oliviers et quelques pieds de vignes.
Contrastes entre des portions de vieille route crevassée et de magnifiques rocades flambant neuves …
Embarqués par erreur sur l'une d'elles, nous y restons, pourquoi pas. Direction : Coimbra !
Pins et eucalyptus odorants, mais aussi mauvaises herbes, roseaux et décharges sauvages : une nature "telle quelle".
Au volant, les Portugais semblent déchainés : en petite ou en grosse voiture, ils ne savent conduire que pied au plancher. Et la voiture les fascine, si l'on en juge par le nombre - et surtout la taille (gigantesque) - des concessionnaires auto Toutes marques confondues, cependant on voit ici moins de robustes voitures allemandes qu'en Espagne.
Après avoir erré dans les rues anarchiques de Coimbra, nous voici enfin garés de l'autre côté du fleuve. 
Ce qui nous offre une belle vue sur la ville blanche.
Coimbra,  la ville blanche au bord du Mondego : le cloitre de l'ancien palais épiscopal (à droite)
Coimbra, son université sur la colline, vieille de 8 siècles, à laquelle on monte en empruntant des ruelles tortueuses, 
Sa cathédrale fortifiée du 12ème siècle  …
Après trois heures à se muscler les molets dans les ruelles en pente de Coimbra, nous reprenons la route avec le projet d'aller voir l'Océan. 
Mais la route pour Figueira est trop défoncée : comme nous tenons à ménager notre petite Honda de 9 ans d'âge, gardons la Nationale (IP3) déjà "limite". 
Une alternance de tronçon neufs pour contourner Viseu et de vieille route gondolée. 

Comme nous ratons également Vila Real pour cause de panneaux pas assez "indicatifs", va pour Aveiro, entourés de pins et eucalyptus odorants - et de camions puants !
Aveiro, ses zones industrielles, son MacDo et son Carrefour … et ses "praia" (plages).
 

Le phare du 19ème siècle
"Praia",  voila un panneau qu'on sait lire : fonçons donc vers la Praia da Barra.
Bonne idée, c'est une jolie petite station balnéaire, toute blanche, où nous trouvons sans peine une pensao, "Residencial Marisqueira", bien agréable, où la chambre proprette est à 7000 escudos, petit déjeuner compris.
Praia da Barra : sur l'Océan Atlantique, une jolie station balnéaire pas encore trop touristique : son phare en brique datant du 19ème siècle, ses azuléjos, et son "mercado" (marché), ses façades couvertes de carrelages colorés, ses cafés sympas et ses immenses plages de sable.
Quant à se baigner … frileux s'abstenir !

Les azulejos sont omniprésents, sur les façades 
des maisons, à l'intérieur des églises …
Un art typiquement portugais

Dans la soirée, nous faisons une ballade sur la plage, en empruntant une jetée en bois qui mène à un phare. Accompagnés du cri des mouettes, nous respirons cet air marin vivifiant,  tout en contemplant le coucher de soleil …
En face, de l'autre côté de l'Atlantique, l'Amérique : en ces jours de terreur venue du ciel, nous avons une pensée  très émue pour  les New Yorkais … et tous nos amis américains.
Pour diner, le snack du coin fait très bien l'affaire : même si nous devons "assister" au match de foot du moment à la TV, avec une petite foule de (plus ou moins) mordus. Les filles ayant plutôt l'air de s'ennuyer (pour le dire gentiment).

Samedi 15

De nouveau, mon matelas à ressorts m'a labouré les côtes toute la nuit. Je prédis la fortune au premier qui viendra vendre des matelas confortables aux Portugais !
Heureusement que le p'tit déj est  réconfortant (deux petits pains à l'allemande et une brioche) servi sur une nappe bien blanche. Du côté propreté, rien à dire. Ou alors, oui : que tout est parfaitement propre, même si parfois désuet.
Nous traversons la zone portuaire et ses lagunes sous un soleil très doux. Des marais salants, si j'en crois les pyramides de sel blanc
Bientôt sur l'autoroute (désormais, nous évitons si possible les routes secondaires), cap au nord, vers Porto, dont la vieille ville est classée patrimoine mondial, parait-il.
Au volant de leurs plutôt belles voitures (et souvent neuves), nos amis Portugais sont toujours aussi pressés : eux qui nous ont semblé si débonnaires. Presque aussi rapides que des Allemands … mais plus approximatifs !
A l'approche de la ville de Porto, située au fond d'une vaste cuvette, des échangeurs et des 4 voies modernes. En construction, un énorme pont suspendu. Des villages neufs à l'américaine. Autant de signes de dynamisme.
Par contre, ayant raté le centre (toujours ce panneautage irrationnel, du moins à mon goût), nous nous retrouvons "dans" l'envers du décor. Un vieux quartier anarchique, entre constructions neuves et façades décrépites, vieilles femmes en noir et jeunes cadres dynamiques en BMW. De grosses matronnes marchandent, une autre vend des fleurs assise par terre, trois vieux papotent debout au coin d'une rue. Voitures en double file dans cette rue étroite, revêtement catastrophique, vieux pavages défoncés et nid de poule profonds … Terrains vagues à l'abandon. Trop glauque pour nous, fuyons.
"Porto, ville peu engageante, mais recèle des merveilles", disait mon guide. Nous n'en aurons vu que l'aspect, mais tant pis.
Et si on essayait Braga, la ville aux 30 églises baroques ? Avant de s'extirper de Porto, où de pauvres maisons de campagne semblent comme prisonnières de la ville, coincées entre un hypermarché Leclerc et une bretelle d'autoroute. Terre de contrastes !
 

Braga, "cidade baroco" : la capitale du Minho est une vraie merveille baroque, où il fait bon déambuler

Enfin Braga, "cidade baroco", après avoir encore une fois raté la sortie : 20 kilomètres de trop plus loin, nous traversons une jolie nature verte, entre vignes et oliviers, où quelques grosses maisons neuves d'un mauvais goût flamboyant cotoient de petits pavillons modestes. Ces maisons neuves sont un outrage au bon goût, un mélange de matériaux et de "styles" sans aucune limite (brique, ardoises, tuiles …).
A l'entrée de Braga, des immeubles neufs et un gigantesque hyper Carrefour.
Braga, réputée pour ses 30 églises baroques, est une sympathique petite ville aux rues pavées : une jolie place agrémentée de deux fontaines exubérantes, et de nombreuses rues piétonnes bien agréables à arpenter. D'autant plus que les surprises sont à chaque coin de rue : là, une petite église baroque, là une façade couverte d'azuléjos, ici une porte ancienne …
De nouveau sur la Nationale 103, cap au nord, après moultes difficultés d'orientation (je ne me fais pas à ce panneautage illogique). Sur cette route étroite, les conducteurs ont perdu la nonchalance qu'on leur a vu deux minutes auparavant, hors de leur voiture. Là, ils doivent doubler à tous prix : mais comme ils s'engagent lentement aux carrefours,  ils nous feront plusieurs frayeurs en nous coupant la route à une allure de limaçe. Heureusement qu'on n'est pas cardiaque. Par contre, enfin engagés, ils appuient à fond sur le champignon !
Le nord du Portugal m'apparait comme une région verte, boisée, vallonnée. Une haute futaie d'eucalyptus … où des "putes" bien en chair attendent le client, étalées langoureusement sur le siège avant de leur voiture.
Voici bientôt Viana do Castello, joli petit port peu fréquenté (je veux dire par les touristes), qui possède un centre piétonnier et "son" château sur la colline. Bien agréable de déambuler dans ces rues proprettes, aux maisons blanches, en traversant des jardins publics fleuris et ombragés pour éviter la chaleur.
Un peu rafraichis par une énorme glace, nous repartons, cheveux au vent (sans le toit de la Targa), vers le sud et notre Pensao, par une "autovia" (voie express gratuite) toute neuve, où l'on prend de l'essence dans d'immenses stations-services également neuves. Décidément, les Portugais raffolent, beaucoup plus que les Français, des grosses voitures … Un pays visiblement en plein boom économique.
De retour à Barra, après quelques courses dans un Feira Nova (un hypermarché à la portugaise, c'est à dire … un hypermarché !), nous arpentons by night notre petite station balnéaire, un peu plus animée en ce samedi soir, où les familles au grand complet sont de sortie (du bébé à la grand-mère).
Nous retournons pour diner dans le même snack, les autres étant surtout des pâtisseries : on aime les douceurs et sucreries, ici !

Dimanche 16

Enfin prêts sur le coup de 11 heures,  nous avons la désagréable surprise de trouver une rayure sur le capot arrière … Notre belle Honda rouge attirerait les jaloux ?
Pourtant, jen'arrive pas à imaginer un Portugais envieux et jaloux  (surtout de notre voiture vieille debientôt 10 ans et payée 45.000 francs !) : ils ont l'air tellement nonchalants et placides.
Une remarque subjective : les filles ont de bonnes fesses (et de belles poitrines selon M !), les garçons sont plutôt dodus et doux comme des gros nounours.
En route pour Nazaré, dont on nous a dit beaucoup de bien. Par une belle portion d'autoroute qui traverse une contrée très "sud" : pins, lauriers roses et eucalyptus. Puis c'est la route, par Leira (on enlève le toit). Désormais, je me dirige au soleil : cap au sud.
Contrastes portugais entre énormes maisons flambant neuves et modestes cabanons déguinglés, mais gigantesques concessionnaires Honda et Citroën. Leurs deux passions : auto et maison ?
Enfin Nazaré, ancien port de pêche manifestement en plein essor anarchique (immeubles neufs, chantiers, grues) et vieux villages sur la falaise. Une vieille femme à turban sur sa charette tirée par un cheval et une nuée de touristes. Un brin étouffant. Enfin garés dans la ville haute, nous admirons la vue depuis la terrasse en surplomb.
Malheureusement trop touristique à notre goût, reconnaissons que le site de Nazaré est néanmoins magnifique.
 

La ville haute et sa terrasse en surplomb
Nazaré et sa place blanche de style mauresque Le village vu depuis l'immense plage de sable fin

La plage, peu fréquentée dès qu'on s'éloigne quelque peu, est  rafraichie par un air marin bien agréable.
On enlève le toit pour reprendre la petite route, sans marquage mais sans nids de poule, qui serpente entre roseaux, pins parasols, eucalyptus, sol jonché de papiers.
Un quartier de maisons neuves, de petits champs cultivés entre des haies de roseaux. Un pont d'autoroute tout neuf, une Jaguar … Et un conducteur qui nous coupe la route.
La construction neuve est en plein boom, les (jeunes ?) Portugais délaissant les vieilles maisons. Immeubles et maisons neuves cotoient HLM décrépis, terrains vagues, décharges sauvages.
Nous arrivons enfin à Obidos, malgré des panneaux fantaisistes.
Très touristique, Obidos est un village-musée conservée dans un état parfait. Cerné de murailles crenelées érigées par les Maures, c'est un village blanc sur une colline, noyé sous les bougainvilliers.
 
Obidos, ses rues pavées en pente, ses maisons d'un blanc éclatant dont le soubassement est peint en bleu et jaune, son chateau avec donjon … 

Château transformé aujourd'hui en "pousada" (hôtel géré par l'Etat).
Deux heures plus tard, partons pour Lisboa (Lisbonne) par l'autoroute, avec "portagem" (péage). S'ils roulent vite sur route, que dire de l'autoroute ? Des fusées dans leurs voitures neuves, qui n'ont pas le temps de contempler ce paysage doucement vallonné, couvert de vignes et d'arbres fruitiers.
A l'approche de la capitale, un bouchon qui signe la grande ville (près de 3 millions d'habitants). Une énorme colline couverte de HLM, vieilles et neuves, une maison neuve rose vif cotoyant un taudis, des grues par milliers. Nous trouvons plutôt facilement notre pensao Saldanha, réservée par Internet (info@residencialsaldanha.pt).
 

Lundi 17, mardi 18 et mercredi 19

Trois jours à Lisbonne

Lisboa, une ville très étendue , composée de quartiers aussi différents qu'Alfama (vieille ville sur la colline), Bélem (vastes jardins et musées au bord du Tage), Baixa (le centre avec ses rues piétonnes pavées) 

Jeudi 20

Après trois jours bien remplis passés à Lisbonne, nous retrouvons notre voiture (laissée au parking) pour prendre, sous un ciel couvert (et moi avec un début de mal de crane),  la direction de Sintra.
Tandis qu'on s'extraie peu à peu de la banlieue de Lisbonne, empruntant des échangeurs qui se font des noeuds, je flashe, une fois de plus, sur le mélange étonnant de modernisme et de vétusté, d'archaïsme et d'illogismes.
La route pour Sintra ? Tourner à droite, puis à gauche, puis encore à gauche, revenir à droite … Lisbonne est décidement une ville en plein boom mais les conducteurs toujours aussi dangereux.
Une demie-heure plus tard, enfin sur la bonne route (IC19).
 

A retenir néanmoins : une jolie fenêtre ouvragée, des "folies" architecturale


Voila bientôt Sintra, "petite ville chic et chère" et "world heritage" (patrimoine mondial) selon mon guide, qui nous décevra beaucoup.
Non seulement nous ne la trouvons pas chic, mais plutôt délabrée et triste.
Trop de touristes,  un site peu riant, des rues où l'on ne peut marcher, frôlés par les voitures, le tout enrobé d'une brume grisâtre (il parait que c'est fréquent). 
A peine arrivée, j'ai envie de repartir. 

Et un vieux château sur la colline
 

Nous retraversons Lisbonne, par ces tours et détours chers aux Portugais, avant d'emprunter le pont du 25 Avril, un surperbe Golden Gate (suspendu, métallique, rouge).
De l'autre côté, encore un temple du commerce en construction (avec Mr Bricolage, Casa, Pizza Hut …) et ces grappes d'immeubles neufs, plus ou moins hautes, de couleurs variées.
Bientôt sur l'autoroute (A2),  voici l’Alentejo, plat, sec, au sol sablonneux planté de pins et de chênes.
Sur une "area de serviço", nous goûtons pour le déjeuner au fromage local (très salé). J'achète Newsweek pour avoir des nouvelles fraiches en provenance de l'Amérique.
Voila un paysage de caractère qui me plait : mamelons arides couverts d'herbes sèches, pins parasols, chênes-lièges et quelques eucalyptus. L'Alentejo fournit en liège toute l'Europe … Et soudain, plus personne :  quel contraste avec les 3 millions de personnes de l'agglomération de Lisbonne.
Plus on descend vers le sud, plus l'air devient chaud et sec, de même que la terre, tellement sèche qu'un tracteur soulève des nuages de poussière. L'autoroute, flambant neuve, se termine à Castro Verde (70 francs pour les 160km). Nous continuons donc par la route, cheveux au vent. Un peu plus tard, cherchant un endroit où s'arrêter pour une photo, nous trouvons …
 

Paysage typique de l'Alentejo : chênes-liège, moutons, villages blancs 

… le village de Santana da Serra, blanc, comme hors du temps, avec ses moutons, ses écorces de liège empilées

Enfin, l'Algarve, un paysage soudain plus vert, boisé, vallonné. Cyprès, eucalyptus, saules-pleureurs, vignes … et une région plus fréquentée que la désertique Alentejo.
Nous apercevons enfin l'Océan (oceano atlantico). Direction Quarteira, où nous avons réservé par internet un "bed and breakfast". Pas facile à trouver, il nous a fallu les explications (en anglais) d'un sympathique Jorge pour arriver à bon port.
La Vila Belinha a l'air pimpante. Diner dans un "restaurant suisse" (eh oui) de rösti de Berne et Eis Kaffee : au moins, on sait où on va (quoique le rosti soit décevant, trop gras).

Vendredi 21

A nous l'Algarve. Après avoir changé de chambre (et repris une vraie douche), nous partons, sous une pluie fine (zut !) : le style de l'architecture a l'air ravissant ici, maisons d'un blanc éclatant, dotées de jolies cheminées décoratives pointues, petites touches de couleurs. Style mauresque : arcades, rembardes en frise de béton
noyées sous les bougainvilliers, pins parasols et autres lauriers roses.
Manque de chance, le temps se gâte, la pluie devient battante. On passera cette journée de pluies diluviennes … au centre commercial "Algarveshopping" : immense, tout neuf, à l'américaine, avec des couleurs et un charme typiquement portugais, un vrai plaisir de faire les boutiques. Ce sera moins la fête pour notre compte en banque !
En fin d'après-midi, nous tentons de prendre la direction de Silves, tout proche. Après des tours et détours (route défoncée, trombes d'eau et travaux), nous arrivons enfin à Silves,  un joli village sur une colline de terre rouge, avec ses remparts,et tours crenelées (chateau médiéval), sa cathédrale massive en pierres rouges du 12ème siècle, ses ruelles pavées en pente, ses maisons blanches sans étages.

Samedi 22

Le ciel est encore couvert ce matin, nous partons pour Loulé, "peu touristique" d'après mon guide. Erreur grossière, c'est très touristique, ça bouchonne et c'est jour de marché. Fuyons.
Par hasard, nous trouvons une petite route qui monte dans la Serra (colline) d'oliviers et de cyprès.
 
Nous arrivons à Barranco do Velho, en plein Portugal profond, sans l'ombre d'un touriste.
Justes quelques vieilles fermes devant lesquelles sont empilées les écorces de liège. Un peu paumés mais ravis de l'être.
Après Barranco, la route est totalement défoncée, laissant apparaitre les pavés recouverts d'une mince couche de goudron. 

Collines plantées de chênes-lièges gris-verts sur un sol rouge. Pour trouver la direction de Tavira, je m'oriente au soleil, car ces tours et détours obligatoires me font perdre le nord : j'ai compté une dizaine de changements de direction dans le même bled de S. Braz.
La route qui descend sur Tavira devient nickel, toute neuve.I ntermarché et Lidl viennent de s'implanter, leurs parkings sont tout neufs. Tavira est un ravissant petit port de pêcheurs, qui fut, parait-il, prospère au 15ème siècle, où nous resterons plus de trois heures.
 
Tavira, ses vrais pêcheurs dans leur barque, sa Sé (cathédrale), son Castelo dont il reste quelques remparts sur lesquels on peut grimper.

Ses façades couvertes d'azulejos, ses petits jardins publics bien taillés, son marché couvert qui date de 1860, son pont romain.
Bientôt, nous poursuivons vers Faro, où nous faisons une rapide ballade sur le port. Rien à signaler, si ce n'est un deuxième Temple du Shopping, "Forum Algarve", magnifique centre moderne, agrémenté de fontaines, où nous dinerons … chez Flunch!

Dimanche 23

Ce matin, le temps s'est dégagé, enfin. Nous décidons de nous lever "tôt" (9 heures !) pour aller faire un tour, à pied, sur la "praia"  (de Loulé Velho), toute proche.
Faute de se baigner (l'eau est trop froide et agitée), nous marchons pieds nus sur le sable de cette immense plage très peu fréquentée : un superbe souvenir, pour  nous qui sommes habitués des plages bondées de la Cote d'Azur.
En début d'après-midi, nous mettons le cap à l'Ouest, direction la péninsule de Sagres.
Sans le toit, j'observe la terre rouge, le maquis vallonné et la belle architecture blanche, d'inspiration mauresque, de l'Algarve. A l'approche de Portimao, de fortes odeurs de varech se dégage des lagunes. Un majestueux pont suspendu tout blanc.
Enfin, Lagos, où nous resterons deux heures à déambuler : cette ville qui fut le point de départ des grandes expéditions, est aujourd'hui une très jolie station balnéaire, authentique, avec sa forteresse carrée à l'entrée du port, sa plage abritée par des falaises jaunes, ses remparts et ses ruelles pavées, ses maisons basses et son port de plaisance, sa Promenade sur le front de mer. Lagos, à ne pas manquer !
Installés pour déjeuner en terrasse d'un snack, dans une petite rue tranquille,  j'observe un vieux Portugais, tout de noir vêtu et coiffé d'un chapeau, qui installe une chaise dans la rue, devant la porte de sa maison, et reste assis, impassible et regard au loin, durant un bon quart d'heure. Impressionnant !
Poursuivons notre route vers Sagres, dans un paysage plus sauvage de lande, herbes et cailloux, parsemé de villages blancs.
Si le village de Sagres n'offre rien de particulier, c'est la péninsule sur laquelle il est situé qui vaut le voyage.
La péninsule de Sagres :  un vaste plateau, lande aride fouettée par un air marin qui sent le sel. Cabo San Vicente (le Cap Saint Vincent)  est la pointe extrême de cette lande désolée : un vieux phare et une forteresse massive perchée sur une falaise qui tombe à pic dans l'Océan, marquent également la pointe sud ouest du continent européen. Un vivifiant bol d'air en provenance du grand large.
Dommage que j'ai fini ma pellicule-photo : il faudra revenir ! Après avoir diné dans un fast-food d'Algarveshopping, revenant à la nuit tombée vers notre pension, nous sommes arrêtés par la police, pour un contrôle complet de nos papiers. On les a tous …

Lundi 24
 

Notre pimpante pension Vila Belinha

Pour notre dernier jour en Algarve, le soleil est au rendez-vous, même si l'air est vif : au programme, retourner en Alentejo et revenir par la Côte. Sur la IC1, nous retrouvons nos conducteurs déchainés. 
Pour moi, toujours le même mystère : pourquoi sont-ils si impatients au volant et si placides à pied ?
Après la nationale, nous empruntons une petite route pour découvrir l'Alentejo profond : collines pelées, un tracteur, des plantations de chênes-lièges bien alignés, des moutons et des eucalyptus, quelques vaches rousses, un village blanc aux tuiles orange, étagé sur une colline.

Un vieux paysan à moustaches et béret se tient immobile au bord de la route. On dirait qu'ici, les vieux sont déboussolés par le monde moderne, regardant, un peu hagards, passer les grosses Mercedes.
Odemira, hameau de maisons blanches sans étage, aux soubassements peints de bandes jaunes et bleues : son Lidl et son distributeur de Coca. Après avoir fait un tour à pied, nous déjeunons en terrasse d'un snack.
L'air est chaud mais léger, la route belle, traversant eucalyptus et forêts de pins.
Bientôt, revoici l'Algarve, un plateau aride et venteux à l'approche de l'Océan. Le sol devient sableux à Bordeira.
Carrapateira, hameau blanc désolé,  avec ses dunes de sable … et une petite route sans indication qui, à vue de nez, se dirige vers l'Océan. Bientôt garés dans les dunes parsemées de cactus, nous faisons quelques dizaines de mètres à pied … avant d'apercevoir les falaises noires qui plongent dans l'Océan : une beauté à couper le souffle. Fouettés par le vent du large, nous en restons littéralement bouche bée !
Sans doute volcanique, cet énorme plateau rocheux, comme entaillé verticalement par quelque géant, prend des couleurs variées avant de se jeter dans un Océan turbulent, furieux, offrant toutes les nuances du turquoise au blanc. Un combat entre l'eau et la roche.
A la recherche d'une plage, nous la trouvons un peu plus loin, dans un site à peine moins sauvage, après avoir emprunté une petite route discrète à travers lande. La "praia do Amado" est immense, autant en largeur qu'en longueur, au pied des falaises roses et noires et au bout d'une lande aride crevassée. Quelques camping-cars d'Allemands et d'Anglais, venus pour le surf, un air marin enivrant … Une plage pour les amoureux d'une nature sauvage et quasi déserte. Nous reviendrons  (et avec une pellicule dans mon appareil) !
Retour par Lagos, où nous faisons encore une ballade sur la jetée et le port. Au vue de la vitrine d'une agence immobilière, nous déduisons que cette région préservée plait aux Allemands (beaucoup), aux Anglais (un peu).
 
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