RENCONTRES

Gros plans sur quelques personnages rencontrés au cours de nos périples, quelques situations typiques, quelques "choses vues" … Individualisme et excentrisme, grosse bouffe et travail dur, over-doses de vitamines et ouverture à l'autre. Par dessus tout, amour de la Liberté … Où comment dessiner sans le savoir le portrait de l'Américain moyen.
(Cliquez sur les images …)

CONTRASTES AMÉRICAINS
 

Le jeune couple américain : lui est normal, mince, en jean et santiags. Elle est obèse, difforme, débordante, en T-shirt informe

Vu dans une station service : un client au regard mauvais et agressif, la cinquantaine aigri, exige le plein de super, même pas  arrêté et d’un ton déjà excédé. Le pompiste, dégaine cool et cheveux longs, répond “OK, OK” calmement, et continue de nettoyer son pare-brise en prenant tout son temps

Dans un Parc national, les femmes restent les fesses collées aux sièges de leurs voitures trop confortables. Seul parfois leur courageux mari ose mettre le nez dehors quelques minutes, histoire de ramener une photo-souvenir

Vu dans l'Idaho (pour démentir l'affirmation ci-dessus) : une bande de filles héroïques sur leurs VTT de course. Sous la pluie glacée, elles pédalent avec vigueur, en file indienne, muscles saillant sous leurs combinaisons fluos de compétition


San Francisco ou l'Amérique cool

Bill Cody, ou l'Amérique conquérante
INDIEN D'AUJOURD'HUI

Sur le champ de bataille de Little Bighorn, un bel Indien (peut-être Cheyenne, la réserve n’étant pas loin) sert de guide aux touristes en autocar. 
Très droit, les bras croisés, il a fière allure avec sa queue de cheval, son jean et ses santiags
 
 

 

EXCENTRIQUES

Un Bugs Bunny en peluche grise encastré dans la calandre d'un Ford Bronco.

“Get a live, be a christian” (ayez une vie de chrétien) affirme un auto-collant sur une vieille Cadillac. Tandis que les lettres de la plaque d’immatriculation chantent les louanges de YAVEH 

Un ours en peluche vêtu d'un blouson de cuir est transporté sur le porte-bagage d'un motard revêtu du même cuir


Deux excentriques sur la Pike'sPike road

Un Motel 6
Sous une pluie battante,
le client d'un motel 6, à poils (mais avec son slip néanmoins), essuie, avec un chiffon … les phares de sa voiture

Un énorme camion de pompier chromé, muni de sa grande échelle, est garé devant un Motel 6. Bientôt, en descend … un retraité à casquette rouge, ses valises à la main, qui se dirige vers sa chambre. Gamin, il devait rêver d’être pompier

Dans un family restaurant de Californie, le serveur, d'origine libanaise, nous récite - en français - du Jean-Jacques Rousseau
Reno, Nevada. Ses casinos à gogo et ses joueurs venus en autocar. Comme cette vieille dame malade, qui tient à peine debout. Portée à bout de bras par une plus jeune, elle veut aller jouer, encore une fois. Et elle y va, lentement mais sûrement … Vers l’immortalité ?
Reno, Nevada, un samedi matin.

C'est le bikers'day, le jour de sortie des motards. Cloutés-frangés-en Harley, ils arrivent de tous les coins de l’horizon, ils sont partout. Sous un soleil flamboyant, ils roulent à deux mais plus souvent à 3, à 5, à 20. Quand 30 motards en cuir noir clouté attendent chez Conoco pour faire le plein de leur réservoir, vous êtes en minorité avec votre grosse voiture : ils passeront d’abord. Cependant, même s'ils voulaient jouer aux "méchants", ils ne pourraient pas, avec leur ventre bedonnant, moulé dans un blouson ajusté, franges au vent …  A la tombée de la nuit, leur nombre diminue enfin, en même temps que baisse le bourdonnement sourd, caractéristique du moteur d'une Harley Davidson.


"Big Boy", une chaine de restaurant
BOUFFE

Dans un “Family Table” de l’Illinois,  nous sommes entourés de monstrueuses Américaines, débordantes de graisse, informes. Mais, les portions étant plus monstrueuses encore, elles demandent des boites en carton pour emportant les restes. On dirait que c’est une habitude ici

Comment ne pas devenir obèse devant ces buffets "all you can eat" (tout ce que vous pouvez ingurgiter pour un prix dérisoire), quand on n'a pas appris le self-contrôle alimentaire ?


WELCOME IN AMERICA

Un “Cafe” à Keene, Dakota du Nord, qui semble abandonné, porte battant au vent, dans un bled paumé à la Wenders. Mais non, nous sommes accueillis par un couple civilisé et communicatif qui, bien que leur Cafe soit fermé, nous fait la conversation, sortant des cartes pour connaitre notre itinéraire.  Elle a un physique à la Jane Fonda, il a le look cow-boy moderne. Ils insistent pour nous faire signer le guest-book, qui a vu passer des touristes du monde entier et même quelques rares Français 
Loma, contreforts des Rocheuses.

Sur un parking, rencontre de Frank, grand et costaud motard en cuir, doux comme un agneau. Originaire du Montana, il travaille sur les chantiers dans l’état de Washington.  Très ouvert, il nous raconte sa vie. Quand on lui dit notre admiration pour le Montana, Il nous saluera d'un jovial “Welcome in America” … Avant de nous faire un démarrage rugissant sur les chapeaux de roues

Dakota du Sud, sur un parking, à la tombée de la nuit. Rencontre de Tom, un grand barbu roux, robuste et bien portant vêtu d'un treillis militaire. Debout, tranquille et solitaire, il  prépare sa tambouille du soir, réchauffant des haricots sur un réchaud à gaz. Malgré son apparence martial, il se révèle doux et même pas chasseur : au contraire, il nous recommande de faire attention au "deer crossing" sur la route, pour éviter d'écraser un daim. Parlant de nos pays respectifs, il nous explique l'Amérique : "deux côtes surpeuplées, entourant un gigantesque territoire quasiment désert". Quant à lui, il a choisi la liberté des grands espaces.
Se rappelant ses origines hollandaises, il lance le projet d'un voyage aux Pays Bas. Il concluera la conversation par une remarque pertinente : il n’y a de paradis nulle part, ni en France ni en Amérique … Sinon, tout le monde y serait
 
 

Le General Store de Lee et Sandi

Waterville, état de Washington, dans la région des pommiers.

Au bord de la route, un “General Store” daté au dessus de la porte de 1904. L’intérieur est lui aussi d’époque, avec une ancienne fontaine à soda, un vieux bar et ses tabourets chromés … Lee et Sandi Nelson habitent ici, un couple d'Américains sympathiques et détendus, non sur-vitaminés comme dans les villes. Chose rare, ils connaissent bien l’Europe, et en particulier l’Allemagne pour avoir vécu deux ans en Bavière. C’était à l’époque où Lee était militaire. Pourtant, on l’imagine mal en uniforme, avec ses cheveux en l’air, son air de planer et son humour. Réputés dans le voisinage pour leurs excellents “ice-creams” aux 14 parfums, ils ont l’air d’être parfaitement heureux dans ce coin tranquille, où il fait très froid l’hiver. Isolés, mais pas débranchés, puisque Sandi, au lieu de son adresse, me donnera … son e-mail.

Farmington, Nouveau Mexique. Une femme, policier Navajo,  fait sa ronde nocturne sur le parking du motel 6. Lampe électrique Mag-light au poing, elle vient nous informer que nous avons laissé la lumière allumée dans la voiture. Puis elle nous salue, continuant sa ronde solitaire … 
Voila un personnage tout droit sorti des romans de Tony Hillerman (à lire de toute urgence !).

Le "fun", ou le visage "humain" de 
l'Amérique

Oliver David Gomes, un manager à visage humain

A Hayward, Californie, Oliver-David est un "Blacko-Mexico-Américain" qui dirige une agence de location de voiture Budget. Dans cette petite ville proche d'Oakland, à dominante Black, il réussit à faire travailler son équipe (multi-culturelle) dans une ambiance décontractée et souriante. Efficacité au service du client : bien qu'il n'ait plus de voiture à nous proposer, il fera une demie-heure de route pour nous accompagner, dans sa Lincoln personnelle, chez son collègue de Pleasanton, où nous pourrons enfin prendre possession d’une Nissan Altima.
En chemin, nous aurons le temps d’apprécier ses qualités de manager à l’américaine : une énergie à revendre, dingue de boulot (aujourd’hui, c’est en fait son jour de congé !), une vision positiviste (le client comme ses employés doivent y trouver leur intérêt) et des projets grandioses (sa future épouse aura une vie de rêve, et lui se lancera peut-être dans la politique). Merci Oliver David, tu mérites d’être élu président de la république !

INDIVIDUALISTES

Sur la porte d'une station service dans le Colorado, un autocollant annonce la couleur  :  “You loote, I shoote”  (tu voles, je tire !). Pas de quartiers … et pas besoin d'appeler les flics !

Au bord d'une petite route perdue au fin fond de l’Oregon. Un mobile-home est installé là, où vit un marginal, tranquille, entouré de ses possessions plus ou moins rouillées. Étonnant le nombre de ces pauvres maisons légères posées dans les prés qui sont toujours entourées d’un bric à brac hétéroclite - vieilles voitures, vieux outils … - et toujours rouillés !

Sortant de son vieux pick-up, un individualiste du Montana : énorme barbe broussailleuse, cheveux longs sous un chapeau de cow-boy noir, vieux jean rapiécé et chemise à carreau rouge. Souriant et bonhomme. Hors des modes et loin de la “mondialisation”, il a l’air content de son sort.

Sur le parking d'un Taco Bell, se gare un énorme pick-up chargé jusqu’à la gueule de matériels de sport. Son propriétaire, un sportif solitaire, ne semble pas commode : il est pressé d’être servi. Attention, il a une plaque du Texas, ne pas s’y frotter

Le pionnier, type même de 
l'individualiste américain

HARD WORKING

Granby, Colorado, au coeur des Rocheuses.  Un restaurant de montagne où la  réceptionniste, Polonaise, a l'air très heureuse de vivre aux USA. Mais elle ne peut s'empêcher ce cri du coeur : “we work hard here !”

Oliver David, chef d'agence chez Budget, loueur de voitures : il vient travailler, et avec plaisir … pendant son jour de congès.

SUR-VITAMINÉS

Au guichet d'un des (rarissimes) péages d'interstate,  le caissier, gras et boudiné autant que survolté, parle - éructe - à toute allure. Survitaminé ?

Le caissier d’une station service : il est jeune, mince, sportif mais d’une vivacité surprenante. Survitaminé ?

Sur un parking de Californie, à la nuit tombée, débarque une bande de jeunes, de sortie en ce samedi soir … Non, pas en “mob” comme chez nous, ni même en Golf GTI trafiquée, mais … en coupés-sport japonais derniers modèles.
C’est à qui aura le pantalon le plus large, le plus long, le crâne le plus rasé. Et à qui hurlera le plus fort. Bourré d’une énergie multi-vitaminée, l’un d’eux s’éjecte de sa Honda Prélude en un bond, avant de rebondir comme un Marsupilami sur le mobilier
urbain. Et sans se prendre les pieds dans son jean 5 tailles trop grand : bravo, l’artiste !

Sur-vitaminés … et sur-équipés, les sportifs 
américains

M. en grande conversation avec des retraités
américains


RETRAITÉS
 

Denver, capitale du Colorado. Un couple de retraités joue les touristes dans la coupole du Capitole : “we are retired now, so we travel” : nous sommes à la retraite désormais, donc … nous voyageons 

Toujours à Denver, un autre retraité, dégaine d’étudiant à casquette, nous aborde : il n’est pas tout jeune (il a fait la guerre de Corée) mais il sillonne les States en solitaire, pour ses vieux jours. Il nous recommande Frisco, Seattle, Vancouver. Et New York. A côté, les buildings de Denver, “it’s nothing !”. 
Rien d’un petit Pépère pantouflard à la française !

Sharen, "a nice person"

C'est une petite femme blonde au visage fripé mais souriant. Employée au comptoir Hertz, elle sera notre bouée de secours, se proposant de nous accompagner à notre hôtel, en ce jour de galère où nous avons oublié notre permis de conduire. Avec sa voiture, une vieille Américaine qui pue la clope froide. Mais elle s’en excuse, ainsi que de la saleté : visiblement, elle mange dedans, et depuis longtemps, si l’on en croit les strates de reliefs de repas sur le sol et les sièges. Le coffre (“broken”) n’ouvrant plus, nous entassons nos valises sur les sièges qui, débarrassés de leurs cochonneries, sont littéralement noirs, et de plus, gluants.
Pourtant, c’est avec entrain et reconnaissance qu’on s’installe, les pieds dans les courants d’air (le chauffage également est “broken”) et le nez dans les vapeurs de clopes refroidies (moi qui ne supporte pas la fumée). Moment délicieux !
Durant les 50 kilomètres de route, Sharen aura le temps de nous raconter sa vie : originaire de Seattle, plaquée par un mari qui buvait, vivant à l’hôtel … Trois ans de galère et de “struggle for life”. Heureuse aujourd’hui d’avoir ce job chez Hertz, qui lui permet de payer ses factures, elle vit seule avec ses “five birds” : je la fais répéter. Oui, avec ses 5 oiseaux  … et l’aide de Dieu. Elle ne veut plus entendre parler des hommes. Mais elle reste sensible aux malheurs d’autrui : des gens l’ont aidé quand elle était dans la merde, aujourd’hui, elle essaie de rendre à son tour.
Elle aura fait un détour de 100 kilomètres, après une journée de travail, pour deux inconnus, étrangers de surcroît. Merci Sharen, “you are a nice person”, nous ne t’oublierons jamais. 

Une vieille Américaine … qui pourrait être
celle de Sharen (ici une Chevrolet Impala)

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