Après un vol Swissair Nice-San Francisco, via Zurich, long (onze heures) mais sans problème, nous arrivons à la nuit tombée à San Francisco : il est 19 heures, heure locale. Bientôt, nous partons au volant d'une Ford Taurus bleue par l’Interstate 80, traversant Bay Bridge qui s'avère payant (deux dollars), pour notre motel 6 réservé à Vallejo. Rien à signaler.
Lundi 13 septembre
Temps gris et frais pour notre premier jour
en Californie. Après un bon gros breakfast chez Dennys (13 dollars
à deux pour leur fameux “Grand Slam Slugger”), le soleil se montre
pour nous encourager. Le temps de gonfler les pneus de la Taurus (notablement
sous-gonflés), il est midi. En route pour Santa Rosa.
Nous traversons la Napa Valley, célèbre
pour ses vignobles, comme ce «Domaine Carneros» et ce «Château
Saint Jean», caricatures de Château du Bordelais. Dans ce paysage
plutôt désertique, ne poussent que des vignes vertes. Et quelques
eucalyptus géants bordant la petite route très fréquentée.
Sonoma, une coquette «small town»,
dans un paysage de type méditerranéen, «comparable
au département du Var» (remarque de M.) : pour l’instant,
dépaysement minimal !
Mendocino, village de pêcheurs sur un
promontoire rocheux au dessus de l’Océan, que nous nous contenterons
d’apercevoir de loi car la route est encore longue … et toujours aussi
sinueuse.
Avant d’arriver à notre motel d’Eureka
(à 23h30 !!!), cette route, dessinée sur ma carte droite
comme un i, se révélera une vraie torture, surtout de nuit.
Pénibles moments qu’on oubliera bien
vite, pour se souvenir seulement de cette côte sauvage, inhabitée,
inhospitalière, desservie par cette unique route en lacets … Des
rochers noirs déchiquetés perçant une eau sombre et
des plages de sable gris semées de bois morts : c'est beau, mais
inhospitalier, la Californie du Nord.
Mardi 14
Toujours le même temps gris et frais sous
un ciel blanc. Température moyenne de la région en septembre
: 12 degrés.
Après quelques courses dans un K-Mart,
nous repartons sur la 101 North, qui longe l’Océan embrumé
: bouleaux et sapins, dont une race inconnue de moi, avec les branches
qui remontent vers le ciel. Forêt moussue, humide, arbres aux troncs
gigantesques dont la cime se perd dans le brouillard.
Nous arrivons bientôt au Redwood National
Park, après avoir fait un tour sur la plage, marchant sur ce sable
gris sombre parsemé de bois morts.
Le Parc : des séquoias côtiers
aux troncs rouges, qu’on peut admirer lors d’un parcours guidé en
sous-bois (4 dollars). De dimensions impressionnantes, certains de ces
séquoias sont vieux de plusieurs siècles.
Nous reprenons la route à travers les
séquoias dans la brume : ambiance «Dead Man».
Après Crescent City, sur la 199, toujours
la même majestueuse forêt de «redwoods». La route
est également magnifique, souvent à quatre voies, et monte
en de larges virages bien relevés.
Arrêt sur une «rest area»
bucolique, avec un air adouci, doux et léger : un coin paradisiaque.
Puis la route redescend avant d’entrer en Oregon, où la haute
forêt de Californie laisse la place à une végétation
plus basse, sapins de taille ordinaire et toundra d’altitude à herbes
jaunes dans un air chaud et sec. Désormais, la route ressemble à
une route américaine classique, droite à perte de vue. Puis
nous rejoignons l’I5 … avec la clim car il fait 35° dehors
!
Enfin Eugene, après un moment de galère
pour trouver le motel 6, sur une contre-allée mal indiquée.
Mercredi 15
Levés à l’aube (9h !), après
avoir bien dormi, peut-être à cause de l’air vif et des sapins.
Breakfast chez Dennys et le soleil se lève. Nous prenons la 58 à
travers la Chaîne des Cascades, une route bien rectiligne, reposante
après deux journées de virages.
Le paysage de l'Oregon : une grande Suisse,
forêt, herbe verte et lacs.
Par contre, les travaux routiers n’ont rien
de suisse : ils sont fait en grand, il s'agit de doubler la route sur des
dizaines de kilomètres. Beaucoup de femmes sur ces chantiers, dont
plusieurs nous saluent de la main. Besoin de contacts humains dans ces
grands espaces.
Après Bend, et un brin de shopping dans
un Outlet Levis, la forêt reprend mais plus basse, toundra jaune
pâle et buissons argentés. Nous arrivons sur un vaste plateau
qui s’élargit, entouré de collines lointaines, rochers gris
et beiges semés de pins bas planté dans un sol sableux. Enfin,
les grands espaces !
Encore des travaux routiers : ils nous refont
le réseau routier de l’Oregon, pourtant déjà parfait
à nos yeux !
Soudain, voila le désert : vaste étendue
d’herbes blanches sèches parsemées de rares buissons. Une
triple rangée de pylônes dans ce paysage sauvage.
Toujours cette route rectiligne à l’infini,
repos de l’esprit (et du conducteur). Après Brothers, le vent souffle
sur les grands espaces, de plus en plus désertiques, sans cultures,
juste quelques vaches égarées au milieu des touffes de sauge.
Collines bleutées au loin, monticules
sablonneux parsemés de pins devant. Surgit une mesa rocheuse, roche
gris sombre.
Enfin, M. double une limace se traînant
à 100km/h, quand, soudain, apparaît un champ de gazon verdoyant,
preuve que l’homme est bien là. Avant que la plaine jaune
ne reprenne ses droits, de plus en plus jaune au soleil rasant. Le
soleil se couche sur la prairie, boule de feu rougeoyante : toujours un
moment magique qu'on aimerait prolonger. Mais la route est encore longue.
Au motel d’Ontario à 22 heures.
Jeudi 16
Le temps s'est radoucit pour notre entrée
dans l’Idaho, à travers une vaste plaine agricole. A Boise,
petite ville qui s'étire dans une vaste plaine, quelques buildings
peu élevés, une température parfaite et un air pur
: la douceur de vivre !
Suite à un incendie datant de 1989 (335
feux, état d’urgence déclaré, pompiers venus de tout
le pays), il reste des troncs noircis au milieu des touffes rouges et vertes
: c’est incroyablement beau !
Après Lowman, station d’altitude authentique
et tranquille, et le «Bannet Summit» (à 2400 mètres),
nous entrons dans les «Sawtooth Range», chaîne des «dents
de scie», hautes montagnes qui gardent quelques neiges éternelles.
Stanley, 69 habitants, village d’altitude harmonieux,
avec ses bâtiments de style western recouverts de lattes de bois
sombre, où se louent des «cabin lodge» (cabanes en rondins).
Un cow-boy, avec chapeau et boots, tire trois chevaux bruns dans une remorque
avec son pick-up.
Vendredi 17
La route file vers les Wasatch Range de l’Utah
sous un ciel désormais dégagé. Dans l’Utah,
«still the right place», prairies verdoyantes et cultivées
au milieu du même paysage désertique au sol sec. Un tracteur
soulève un nuage de poussière. Bravo aux rares «farmers»
qui arrivent à cultiver ce désert.
La route monte et descend entre des pattes
d’ours, vertes, jaunes et grises, avant que ne surgisse une énorme
barrière de hautes montagnes. Après Tremonton … le
même bouchon que l’an passé à l’arrivée sur
Salt Lake City. Toutes les sorties sont barrées, car on fait quelques
"petits" travaux routiers avant les Jeux Olympiques d'hiver. De nouveau,
impossible de visiter cette ville, qui semble décidément
nous repousser …
En ce jour de départ en week-end, nous
sommes impressionnés par la fureur des Américains à
profiter de leurs loisirs : dans leurs pick-ups, ils embarquent scooters
des mers, motos tous terrains, quads, bateaux … Re-bouchon avant Provo
et notre Motel.
Samedi 18
Soleil doux sur Provo. En ce samedi, le breakfast
chez Shoneys comporte un buffet «all you can eat», pour 12
dollars, qui connait un grand succès : à ce prix là,
c’est normal … Et on comprend mieux pourquoi ceux qui n'ont pas de self-control
deviennent obèses.
Nous reprenons la route à travers l’Utah,
dans une vaste plaine verte, cultivée et habitée.
A la mode, ces nouveaux "villages" de maisons
neuves entourés d'une enceinte : le retour au village européen
moyenâgeux ?
Après un freinage brutal de M., pour
tester son ABS (no problems !), nous sortons sur la 89, une jolie route
qui descend vers le sud dans une mini-vallée (à l’échelle
américaine) verte et plantée de pins. Des vaches noires dans
les prés, des chevaux racés, un élevage d’oies : «petits
«farmers» … mais grosses maisons quand même.
Fairview, 2000 mètres, magnifique climat
d’altitude mais doux. Mac Do est là. Deux barbus à casquette
dans un pick-up remorquent 4 quads. Ils ont la place pour ça … et
les moyens.
Sur la route, soudain un mirage : deux énormes
tours de château-fort, monstrueux mélange de style … en trompe-l’oeil
car de profil, il est quasiment plat. Un avant goût de Las Vegas
? C’est un Temple Mormon, car nous sommes à Zion (ville biblique).
A savoir : 75% des Mormons vivent dans l'Utah,
où ils archivent des données, “mémoire de l’humanité”,
(un milliard huit cent millions de pages microfilmées et informatisées)
… au fond de six cavernes creusées dans le granit des monts Wasatch,
au dessus de Salt Lake City. But : que chaque croyant retrouve ses
ancêtres et les baptisent pour qu’ils soient réunis à
la famille et puissent accéder à la divinité. Car
les Mormons croient qu'ils seront jugés selon leur existence et
pourront eux-même devenir des Dieux. Pas moins !
La petite vallée est devenue plaine
puis vaste plateau aride. Un lac et ses plages de sable blanc entouré
de monticules dénudés et des buttes de roches rouges. Re-voila
les grands espaces, herbes blanches parsemées de buissons de sauge
sur fond de montagnes bleutées.
Dans la Gunisson Valley, un camion renversé
a perdu ses billots de bois. Après Salina, nous quittons la riante
vallée habitée pour l’Interstate 70, qui ondule dans un paysage
lunaire inhospitalier : des mamelons arides de toutes formes et couleurs.
Sur la route 24, nous croisons deux retraités … sur des quads :
il est interdit de vieillir triste ici !
Des buttes en pattes d’ours et soudain, de
nouveau, une riante vallée verte et habitée. Un lac entouré
de mobile-homes. Avant que le paysage désertique ne reprenne
ses droits : pins, sauge et buissons jaunes.
Loa, Bicknell, coquet et fleuri, et, sans transition,
les premières mesas de rochers rouges. Encore un village planté
d’arbres immenses. Et de nouveaux des mesas géantes qui annoncent
Capitol
Reef National Park, où nous arrivons sous un ciel gris. Dommage
car ces rochers rouges torturés doivent cracher sous le soleil.
Après Chimney Rock, nous empruntons
le «Scenic Drive» (4 dollars à mettre soi-même
dans une boite : nous payons !).
Nous faisons encore un tour à pied sur
le sentier menant au Natural Bridge, où nous croisons de jeunes
Allemands (voila des touristes qui marchent).
Pressés par le temps - la nuit va bientôt
tomber - nous reprenons la route au milieu de falaises désormais
grises puis blanches tachetées de rose. Paysage lunaire et tellement
changeant.
Encore une heure de route avant le Nouveau
Mexique (New Mexico). Enfin notre motel de Farmington à minuit
… Moi qui voulais voir Shiprock et son monolithe noir de jour, ce haut
lieu des romans de Tony Hillerman : c'est raté !
Petite consolation : nous sommes accostés
devant le motel par un policier Navajo (une femme !) qui nous informe que
nous avons laissé la lumière allumée dans la voiture.
Puis elle continue, seule, sa ronde nocturne, lampe électrique au
poing … Voila un personnage tout droit sorti des romans d'Hillerman.
Dimanche 19
Sous un doux soleil, nous quittons Farmington
par la route la plus directe pour Santa Fe : nous avons assez roulé
hier !
Revoila les grands espaces, vaste plaine d’herbe
et de sauge sous un ciel bleu marine qui moutonne. Plat pays légèrement
ondulé, "badlands", terre rocailleuse parsemée de mini-arbustes.
Soudain, une "forteresse de Vauban" avec tours de guets surgit de la plaine
: énorme massif de roches grises à pans verticaux. Des badlands
dantesques, noirs ou à rayures.
Au Nouveau Mexique, les routes semblent moins
parfaites (bosses et trous). Nous traversons la réserve des Apaches
Jicarilla, ceci expliquant peut-être cela ?
Santa Fe est aujourd'hui une petite ville très
étendue, dans un site bucolique de collines vertes plantées
de pins. Les maisons et immeubles bas sont tous de couleur ocre, respectant-imitant
les anciennes constructions indiennes en adobe : une harmonie rare aux
States. Une ville qui se viste à pied car elle est de taille humaine
- c'est rare également dans ce pays où on ne marche pas.
Le climat nous semble parfait, l'air est pur, la ville pittoresque … mais
exclusivement dédiée au Tourisme. Les boutiques et galeries
sont toutes des «tourist trap» sur le thème de l’Indian
Art. Mais un "art indien" made in China ou Taiwan. Pire, on vend ici de
l’exotisme en général, qu'il vienne d'Asie ou du Japon …
Les vrais Indiens, Navajos semble-t'il, sont
installés dehors, sur la place, pour vendre leurs bijoux en argent
et turquoise à même le sol. Faits à la main par eux-même
? Je n'ai pas été vérifier. Cependant, Santa Fe vaut
le détour, ne serait-ce que pour son site est agréable.
Nous repartons pour notre motel d’Albuquerque.
Pour rester dans l'ambiance "mélange des styles exotiques", nous
mangerons ce soir des "enchiladas" mexicains.
Lundi 20
Albuquerque est une ville de la taille de Nice
(en nombre d’habitants), très étendue mais sans vrais buildings,
cernée de montagnes bleutées.
Sur la route de nouveau, à travers ces
paysages du Nouveau Mexique si bien décrits par Tony Hillerman :
terre sablonneuse aride ondulante, herbes blanches et sauge grise sous
un «big sky» bleu pâle agrémenté de quelques
nuages pommelés sur l’horizon. La plaine devient jaune avec mesas
de roches jaunes et roses lointaines. Les mesas se rapprochent, rouges
et blanches. Terre de sable rouge et rose, nuages cotonneux qui projettent
leur ombre sur les mesas, les faisant paraître noires.
New Mexico est vraiment «un enchantement»,
comme le clame les plaques d'immatriculation de l'état.
Devant un «pueblo», village indien
en adobe, de "vrais" Navajos vendent leur artisanat. Authentique, j'espère,
ce joli collier de perles brunes décoré de petits animaux
nacrés. C'est du moins ce que je veux croire en l'achetant à
un sympathique Indien.
De nouveau, des travaux herculéens consistent
à refaire une voie de l’Interstate en arrachant le bitume existant.
Toujours ces fabuleuses mesas rouges ombrées
par les nuages. Nous empruntons un morceau de la «old 66»,
la vieille route 66 qui conduisait les personnages de Steinbeck de l'Oklahoma
à Los Angeles, dans les "Raisins de la colère".
Voici Gallup et sa forêt d’enseignes
indiquant «Indian Jewelry, rugs, pottery» (frais ou faux ?)
durant des kilomètres.
Mardi 21
Holbrook, sur la «Sixty Six», son
«Wigwam Motel» (des tipis en dur comme chambres d'hôtel),
ses dinosaures en plastique.
Sur l’Interstate 40, il fait chaud (27°),
le ciel bleu pâle immense surplombe la plaine au sol de sable rouge
planté de buissons de sauge. Twin Arrows, une station-service avec
deux grandes flèches plantées dans le sol.
La nature devient plus verte, conifères
vert sombre et herbes vert pâle. Nous traversons Flagstaff
(2300 mètres d’altitude), ville de taille humaine avec une «old
town» préservée, des allées ombragées,
de belles maisons dans les pins. Une «senior living community»,
des musées … Très agréable, on reviendra.
Aujourd’hui, direction Grand Canyon, à
travers les San Francisco Mountains, montagnes ensoleillées au climat
chaud. Des «ski lifts» aux portes de Flagstaff.
La route monte dans les pins ponderosa et les
bouleaux argentés, jusqu’à 2700 mètres avant de redescendre
sur un vaste plateau planté de pins et autres conifères d’altitude,
bas et touffus : c’est une «national forest». Voila une région
paradisiaque à notre goût. Dans les lieux «possibles»
où vivre, on retient Flagstaff.
La forêt laisse la place à une
lande sans arbres. Nous arrivons à Grand Canyon : 20 dollars l'entrée
pour cette merveille de la nature mondialement connue.
Mercredi 22
Le temps s'est rafraichi, quelques gouttes de
pluie pour notre visite, à pied, de Flagstaff : coup de foudre pour
cette «small town» pittoresque, propre, avec plusieurs bâtiments
western du siècle dernier et de nombreux cafés sympathiques.
Sous une pluie fine, nous traversons
l’Arizona, qui "n’est pas qu’un désert", comme l'affirme le Tourist
center. Et je confirme : l'Arizona, grands espaces ondulants avec rochers
rouges affleurant et buttes d’herbes vertes.
Le Mohave County et ses vallonnements verts,
égayés de collines et buttes de roches rouges et grises.
Magnifique route serpentant dans un paysage de plus en plus aride.
Kingman, sous la pluie, au pied d’une forteresse
rocheuse rose.
Sur la route 93, direction le Nevada : les
couleurs crachent sous la pluie, l’herbe est jaune d’or, la terre rouge
carmin, les buissons vert-gris. Apparition des premiers cactus du désert,
énormes, le sol devient terreux, sans herbe. Seuls poussent encore
ces buissons de sauge omniprésents dans l’Ouest.
Nous reprenons la 93, qui traverse un désert
de rochers pharaoniques, taillés à la serpe par un géant
pour faire passer une route parfaitement rectiligne. A gauche, la Colorado
River dans son Black Canyon. Rochers de toutes les couleurs, puis rouges
seulement en arrivant au Hoover Dam, un barrage gigantesque qui alimente
Las Vegas en électricité. Un lac vert, des rochers rouges
plantés d’énormes pylônes. La route serpente autour
de ce barrage datant des années 30, qui d’ailleurs se visite.
Nous entrons dans le Nevada, «the
silver State», juste après le barrage.
A Boulder City, le Tourist center est fermé
mais l'air frais et humide d’après la pluie fait ressortir les odeurs
incroyables de ces buissons du désert, auxquels je serais bien en
peine de donner un nom.
Une belle route à chaussées séparées
nous conduit à Las Vegas.
A 30 kilomètres de distance, on voit
Las Vegas scintiller de mille feux, éclairée al giorno.
Arrivée de nuit à Las Vegas, accueillis par une fausse “Statue
de la Liberté”.
Après un dîner rapide chez Taco
Bell, nous partons pour une visite à pied de Las Vegas by night.
Un délire, comme on l’imagine, de faux-semblants
: la Tour Eiffel, le Conservatoire de Musique de Paris (pourquoi donc ?),
la place Saint Marc et ses gondoles, le Caesar Palace …
Beaucoup de curieux, mais pas autant, parait-il,
que le week-end (ouf !).
Nous entrons, par un gigantesque tapis roulant,
dans le Caesar Palace : diabolique, car si l’entrée est royale,
… la sortie est impossible à trouver ! Paradis, ou cauchemar du
joueur ?
M. jouera (et perdra bien sûr) quelques
cents dans une machine à sous “pour le fun”. On appréciera
par contre la fontaine qui danse en musique, presque poétique, au
milieu de ce kitsch commercial. Au lit à 23 heures, on en a assez
vu.
Jeudi 23
L’air est lourd et très chaud sur la
capitale du jeu … qui a perdu toute sa magie sous le soleil. A voir
la nuit impérativement.
Sur la route 95, le désert reprend ses
droits, terrains vagues sablonneux cerné de montagnes rocheuses
roses et beiges. Mais un désert habité, où l’on retrouve
ces “néo-villages” flambant neufs qui semblent à la mode
: entourés d’arbres - et de murs - ils forment des îlots de
verdure insolites, pâles copies de nos vieux villages d’Europe, de
style indéfinissable, parfois vaguement provençaux avec toitures
de tuiles. Le faux est décidément le Roi de ce désert
pierreux. Bravo quand même d’avoir su faire naître la vie dans
ce nulle part.
Revoila le vrai désert et ses cactées
géantes sous un soleil de plomb. Une réserve d'Indiens Paiute,
sans un arbre à l’horizon, si ce n’est ce monstrueux “Joshua Tree”
(arbre de Judée) qui me fascine littéralement.
Mirage : un casino en plein désert,
très “Bagdad Café”.
La route qui mène à la Death
Valley est rectiligne : nous doublons un mobile-home allemand
(avec le D), qui, si l’on en croit ses auto-collants, sillonne l’Amérique
mais aussi l’Asie, l’Australie, l’Afrique, l’Europe … “all around the world”,
le veinard.
Heureux par contre de ne pas avoir raté
“Artist Drive”, une petite route en boucle se faufilant entre des blocs
rocheux lunaires de toutes les couleurs. remarquable : la “Palette
d’artiste”, un site de toutes les couleurs, en particulier vert-rose-blanc.
Il doit faire plus de 35° mais cela ne
semble pas déranger les nombreux touristes, en particulier français.
Que l’on reconnaît, comme toujours … à leur habitude si typique
de vous dévisager des pieds à la tête. Mais pourquoi
font-ils tous ça ???
Nous reprenons la route dans l’autre sens, au milieu de dunes vanille-chocolat, par soleil rasant.
Brusquement, M. freine, il a vu un coyote :
nous le regardons trotter, solitaire et racé dans le soir tombant.
Il sera sur la photo, si fin et si beau.
Malheureusement, nous n’aurons pas le temps de marcher sur les dunes de sable, la nuit est noire quand nous sortons du Parc. Par chance pour nos finances, nous n’aurons rien payé, il fallait sans doute le faire au Visitor Center. Nous filons sous la pleine lune, essayant de deviner le paysage. La route est encore longue jusqu’à Ridgecrest, Californie, où nous arrivons à 21heures, suivi depuis le Parc par un Anglais, trop content d’avoir quelqu’un pour lui éclairer le chemin. Dîner chez Dennys en même temps que l’Anglais, que nous retrouverons au motel 6. Le monde est petit ! |
![]() Un coyote, un vrai ! |
Vendredi 24
Breakfast dans un family restaurant où
le serveur, Libanais, nous récite - en français - du Jean-Jacques
Rousseau.
Le temps est déjà très
chaud. En route pour traverser la Sierra Nevada, chaîne de montagnes
pelées qui s’élève brutalement sur une plaine désertique.
Encore une route “scenic”, entourée de pattes d’ours et de mesas
noires.
Je photographie, enfin, un énorme Joshua
Tree, “symbole du désert”.
Nous sommes d’ailleurs dans le Désert
de Mojave. La route longe sur la droite la barre rocheuse de la Sierra.
Olancha, oasis vert dans le désert,
un lac blanc de sel : il fait 35° à plus de 1000 mètres
d’altitude. “Hot”, comme dit M. !
A Big Pine, M. photographie une Chevrolet Impala
des 60’s, et même son moteur, à la demande du propriétaire.
A Bishop, dans un Antiques, le brocanteur nous
raconte la blague locale : au lieu de Las Vegas, on dit “Lost Wages” (salaires
perdus !).
Dans la foulée, on s’offre une glace
en cornet, bienvenue par cette chaleur (et bonne, par miracle).
Mais la route est encore longue - et se révélera
plus difficile que prévue : virages, épingles à cheveux,
dos d’âne, pour monter jusqu’au Sonora Pass (3200 mètres,
record d’Europe largement battu).
C'est à minuit que nous atteignons enfin
Modesto, Californie … après une longue journée.
Samedi 25
Il fait chaud-chaud, ce matin, pour notre journée
à San Francisco. Nous arrivons en vue de la Baie dans un
paysage de dunes d’herbes jaunes couvertes d’éoliennes blanches.
Premier bouchon au péage du “Bay Bridge”. Cernés par les
Honda, la marque préférée, semble-til, des Californiens.
Déjà, M. râle, contre le racket du péage (2
dollars), contre la ville, contre la circulation. Il faut dire que cette
ville attire trop les foules : trouver une place de parking, c'est l'enfer.
Echaudés, nous décidons de rejoindre
notre hôtel à San José, en traversant la si fameuse
Baie de San Francisco. Déception : elle est “urbanisée à
mort” selon les termes de M..
Et c'est vrai que la “maison bleue sur la colline”
existe, mais elle n’a rien de romantique : elle est entourée de
soeurs jumelles innombrables, alignées comme des boites d’allumettes
collées ensemble.
Au motel de San Diego à la nuit noire.
Dîner dans un Family restaurant, d’un délicieux “Louisiane
chicken”.
Dimanche 26
Pour profiter de notre dernier dernier jour,
nous traversons la Silicon Valley, avec un arrêt à Cupertino,
où je peux voir de mes yeux le siège de "Apple" : un paradis
fleuri, ratissé et taillé au cordeau, entouré d’arbres
somptueux. Je ne suis pas déçue.
Vue depuis l’Interstate 280, la Silicon Valley
est une vallée plantée de cyprès et de pins entourée
de collines sèches, dans un climat chaud. De somptueuses villas
perchées sur les collines pelées. Bref, de faux airs de Sophia-Antipolis,
en plus grand certes.
Bientôt, nous entrons dans San Francisco
par la 19ème Avenue : de petites maisons de un étage, de
couleurs douces, roses, bleues, vertes, blanches, entourées d’arbres
bien taillés. Tous les styles sont permis. Elles semblent surtout
habitées par des Asiatiques (ils sont 200.000 dans la ville).
![]() ![]() ![]() ![]() San Francisco vue du Golden Gate |
Oui, San Francisco est une ville coquette,
à taille humaine … mais qui étouffe sous les voitures.
D'ailleurs, encore un bouchon, en ce dimanche
matin, avant de trouver une place, enfin, sur Marina Drive.
Nous prévoyons trois heures de liberté
pour aller, à pied, jusqu’au Golden Gate Bridge. Un air parfait,
doux et sec, non pollué malgré l’engorgement automobile :
les normes anti-pollution sont les plus sévères du monde
en Californie.
La ballade au bord de l’Océan, puis
ce pont rouge mondialement connu, resteront dans ma mémoire - beaucoup
plus que la “maison bleue”. La ville est belle vue du pont, le site splendide.
De retour à la voiture, direction l’aéroport.
Mais, horreur, encore un bouchon, monstrueux celui-là : deux heures
bloqués sur Van Ness Boulevard, à regarder les aiguilles
tourner. Enfin sur le free way, après un gros stress : ce sera un
mauvais souvenir.
L’aéroport enfin, où nous rendons
la voiture une minute avant l’heure limite ! On se rappelera des bouchons
d San Francisco.
Au compteur, très exactement … 7000
kilomètres (tout rond).
Florence CANARELLI
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