CARNET DE VOYAGE / USA 1998

Le chef Sleepy Eye

Sur la piste des Indiens 
 

Cette année, nous avons envie de suivre les traces des Indiens d'Amérique. Des badlands, terre sacrée des Sioux, dans le Dakota du sud, jusqu'à Fort Laramie dans le Nebraska. 
Pour comprendre le "choc des cultures" entre le général Custer et Sitting Bull.
Cliquez sur les images …
Ecouter un chant au grand Esprit Cherokee

Vendredi 4 septembre

Bien arrivés à Chicago, sur l'aéroport O’Hare International, nous partons au volant d'une Ford Taurus de location, d’une couleur gris-doré sophistiquée. Nous voila bientôt sur l’Interstate 90 en direction de notre première étape, Rockford.  C'est l'heure des bouchons du vendredi soir, la route semble longue. Enfin au lit, il est 6 heures 30 du matin pour nous !

Samedi 5

Mal dormi à cause du bruit de la clim … Adaptation nécessaire. Bon gros breakfast chez Perkins (15 dollars à deux) qui nous requinque un peu : le "grand jeu" avec quatre saucisses, deux oeufs, pommes de terres et pancakes.
Enfin sur la route, sous le soleil brûlant mais avec la clim (appréciable par moment) pour traverser l’Illinois, “state of Lincoln”, par l’Interstate 90.
Dans le Wisconsin, doucement vallonné et verdoyant. Un état agricole mais san srien de plouc : tous les commerces possibles qui s'étirent sur de vastes espaces. Jolies fermes peintes en rouge sombre à la danoise, avec toitures enflées et biscornues. Paysages un peu allemands et un peu danois … en plus grand, certes. En ce samedi matin, nous croisons bateaux et autres jet-skis tractés par d’énormes pick-ups rutilants, pour un week end qu’on imagine aquatique.
Des enfants s’éclatent sur un trampolin (un enfant américain ne s’ennuie jamais !), une fabrique de fromage, des vaches, des champs de maïs …  Petits travaux sur la route : 20 km de “detour”, j’appelle ça faire les choses en grand.
La route 33 ondule tranquillement vers le soleil, elle est étroite et tourne, le paysage bucolique rappelle l’Europe. D’ailleurs, les noms des “farmers” en disent longs : Hirsch, Hauser, Wassenberger, Dahl … Parfois l’impression de se trouver dans la Schwarzwald germanique. Un Amish barbu, en carriole tiré par un cheval. Le soleil devient une énorme boule rouge sur l’horizon. Un “Norwegian cafe”, nombreux blondinets … Pas de doute, les immigrants venaient d’Europe du Nord.
A La Crosse (les Français aussi sont passés par là). Nous faisons le plein pour 12 dollars : toujours un choc !
Surprise : nous sommes doublés par une locomotive … sur roues qui  fait entendre un joyeux klaxon de train. Fantaisie américaine ! Motel à  Rochester.

Dimanche 6

Au breakfast chez Denny’s, une Américaine vient nous demander si on est Anglais. Elle a vécu à Londres et voyagé en France : “tous les hommes sont les mêmes partout” conclue-t’elle. Un peu léger ou très profond, cette réflexion ?
Sur la route 14. Le ciel est gris, l’air chaud et lourd dans le Minnesota. Le paysage s’aplatit, s’agrandit, c’est le début de la Prairie. Pommiers, champs de maïs à perte de vue, une marée d’engins de chantier à vendre. La route devient droite à l’infini sous le ciel terne. Fermes, granges et silos à grains entourés d’arbres. Waseca, belle petite ville avec belles maisons à colonnes, église nordique en brique. Après le quartier chic, une “mobile home community”.
Des pierres tombales dans un pré soigneusement tondu, cimetière apaisant, sans barrières : “les morts sont parmi nous”, selon M.
 
A New Ulm, des aspirateurs en vitrine d’une   boutique “cleaners & laundry” … Les noms sont évidemment allemands : “vote for Gutknecht”, Schugel écrit en gothique, et encore Kruger, Sturm, Lang … La “ville” de Florence, 53 habitants !
En route vers Pipestone National Monument, par une route qui ondule au milieu des herbes vertes.
Nous visitons ce petit Musée et la carrière de pierre rouge dont les Indiens extrayaient la pierre pour les fourneaux de leurs pipes et autres calumets de la paix. Un site beau et serein, un petit musée clean et pédagogique, où l’on peut voir sous vitrine les pipes (sacrées) de Red Cloud ou de Sitting Bull, ou encore un “war bonnet” en plumes de jeunes aigles. Une salle consacrée à l’artisanat vivant : sous nos yeux, un Sioux Santee fabrique une pipe et une Sissetone des bijoux de perles. Peu de touristes, juste quelques passionnés, dont des Indiens.
Nous reprenons la route de bitume rose rectiligne à l’infini :  “on commence à sentir le souffle des grands espaces”, dixit M. Dans le South Dakota, nous retrouvons avec plaisir les mamelons verts tellement agréables à l’oeil (le mien du moins).  Motel à Mitchell.

Lundi 7

C’est le Labor Day (tous les premiers lundi de septembre). Sur l’I 90, en direction des Badlands.
Le Dakota : grandes plaines, vaches noires, herbes vertes et jaunes.
Soudain, la route tourne et plonge entre les mamelons verts : nous franchissons la White River, porte d’entrée de la Réserve Sioux de Rosebud. Le paysage est encore plus sauvage, le revêtement moins bon. Des champs cultivés mais aussi des morceaux de “prairie” intacte, magnifique et de couleur changeante. Bosquets d’arbres dans les creux, rares fermes et granges indiens, groupées autour de mobile-homes délavés, eux même entourés de matériel agricole rouillé. Parfois, une ferme plus riche et propre. Le paysage redevient plus sauvage, les arbres plus rares, les mamelons d’herbe rase de tous les tons de vert, du jaune-vert au jaune-brun. Vision  rare : un Indien à cheval se promène tranquillement dans ce paysage mythique. Wanblee, un rassemblement de mobile-homes délabrés : on vit ici pauvrement. A la sortie, contraste, une ville nouvelle de mobile-homes propres et récents.
 
Voici l’entrée du Parc des Badlands (10 dollars pour … une semaine), ces Badlands impressionnants, terre sacrée des Sioux. Et on comprend pourquoi : devant des rochers aux formes, et aux couleurs aussi étranges, merveilleuses, mystérieuses, on se demande quel peut bien en être le Créateur fou ?

La journée entière est nécessaire pour  profiter de ce Parc, surtout si on veut effectuer quelques randonnées à pied, qui nécessitent des chaussures “robustes”. Nous sommes en tennis mais pas impressionnés : pourtant, le parcours est plus difficile que prévu, une échelle de corde à monter et des corniches plutôt vertigineuses. L’herbe réussit à pousser au fond des creux, ce qui ajoute à l’étrangeté des lieux : inoubliable !
En route vers Rapid City, faisons un tour à ce “Wall Drug” qui fait une publicité agressive depuis des centaines de kilomètres. C’est un “attrape-touriste” professionnel, dizaines de boutiques alignées qui vendent la même camelote, mocassins ou bijoux “indiens” (fabriqués à Hong Kong), t-shirts et casquettes gravés “Dakota” ou “Badlands”. Mais il y a un plus : une “rue” décorée “western”, avec totems indiens, ou cow-boys de bois, et enfin, l’attraction vedette (et gratuite), une scène de bataille animée par des automates, des milliers d’heures de travail pour un barjot local. A ce stade … admiration de notre part ! Motel à Rapid City.

Mardi 8
 
De nouveau dans le Parc des Badlands. De nouveau émerveillés, nous nous arrêtons partout où c’est possible, pour ne rien rater du spectacle. L’air devient très chaud, je suis étonnée de voir très peu d’Américains avec un chapeau : non, la mode de la casquette, ce n’est pas pour se protéger du soleil, il faut la porter en voiture ou la nuit pour être  “in” !
L’origine de ces rochers torturés : il y a entre 37 et 23 millions d’années de cela (oligocène, éocène), des cendres se sont transformées en pierres. Résultat, ces dentelles de pierre d’une variété inimaginable. 

Les "badlands"… terres sacrées des Sioux : aujourd'hui un Parc National géré par la 
tribu des Sioux

Pédagogique : des fossiles d’animaux préhistoriques conservés sous verre autour d’un sentier parfaitement aménagé, accessible bien sûr aux handicapés.
Nous reprenons la 44  à travers la Réserve de Pine Ridge, plaine avec les Badlands qui se découpent  à l’horizon. Puis, la 16A vers les Black Hills : une route de montagne en zigzag dans la forêt, des ponts de bois, un bison et une biche entraperçus … Entrée dans le Wyoming à la nuit noire, nous sommes encore loin, fonçant sur une route droite et nickel en direction de notre motel de Gillette.

Mercredi 9

Nous découvrons enfin le Wyoming de jour, le “cow-boy state” : toujours les mamelons herbeux du Dakota mais en plus lunaire, parsemés de touffes de buissons vert-gris, et de rochers affleurant. Aucune platitude, la route monte en douceur et redescend de même, la Lozère … ou la lune ? La route est magnifique, deux voies qui en valent trois en France. Le paysage devient encore plus désertique, impropre à la culture, sol crevassé, parsemés de ces buissons gris (de la sauge, apprend-nous plus tard). La sauge chère aux Indiens, qui la faisaient brûler pour se purifier. Montagnes bleutées en ligne d’horizon, barre rocheuse au premier plan, et toujours ce sol aride et sec.  Nous traversons la Powder River, et entrons dans les Bighorns Mountains.
 

Une "fermette" dans le Wyoming … 

Pas un arbre, juste quelques mares bleues dans l’herbe jaune. Quelques fermes entourées de clôtures : élevage plus qu’agriculture. 
C’est le pays de la Powder River, vaste désert aride et inhospitalier évoquant la Toundra, où les Sioux se réfugiaient pour échapper aux poursuites des Blancs.
Moutonnement de collines pointues, excroissances rocheuses rouges en forme de seins à bouts roses, de toutes tailles et gabarits. Presque effrayant, une autre planète.

A l’approche de Buffalo, apparaissent quelques fermes et troupeaux mais entourés d’un chaos de véhicules rouillant dans les prés. Une immense casse de voitures brillant sous le soleil.
Buffalo, 3600 habitants, altitude 4 000 pieds (1200 mètres) et pourtant, il fait 35° !
Nous prenons la route 16, une “scenic road”  qui file en droite ligne vers les Bighorns, un vieux massif datant de l’éocène (35 à 50 millions d’années), autre massif de 500 millions, granit de 2,3 milliards d’années !
La montagne est faite de blocs de rochers noirs … du pré-cambrien. Un méga-troupeau de moutons, les nuages sont comme des morceaux de coton dans un ciel bleu pur. La route plonge au fond d’un canyon, paradis du géologue. Fin des montagnes, voici la plaine, encore quelques monticules du Jurassique, dont un rouge sur pré vert pomme. Encore quelques Badlands, variété hallucinante de formes et couleurs. De ce pays lunaire, tout ce que l’homme a pu tirer c’est, semble-t’il, un peu de pétrole. Motel à Billings, Montana.

jeudi 10

Aujourd'hui, ce sera une journée consacrée au souvenir des Indiens d'Amérique.
Pour ce faire, nous traversons la réserve des Crows (jadis grands ennemis des Sioux), direction le Little Bighorn Battlefield National Monument (6 dollars l'entrée).
Là, un circuit routier retrace en différentes étapes la bataille célèbre qui s'y déroula.
Comme on sait, les Sioux, aidés des Cheyennes, y remportèrent la victoire sur (en fait, massacrèrent jusqu'au dernier) les troupes américaines du général Custer, les fameuses tuniques bleues.
Aujourd'hui, il reste seulement quelques tombes de soldats dans l'herbe blonde du Montana (à  gauche)
En exposition à l'extérieur, un  beau (et vrai) Tipi, en peau - de bison, à la grande époque des Indiens. 
Dans le petit musée, on nous présente "Sitting Bull contre le général Custer, le choc des cultures”. 
Dans des vitrines, il reste juste quelques mocassins indiens et des pipes, mais il s'agit, me semble-t-il, plutôt d'un culte au général Custer (sa femme, sa vareuse, …). 
Un bel Indien (peut-être Cheyenne, la réserve n’étant pas loin) sert de guide aux touristes. Très droit, les bras croisés, il a fière allure avec sa queue de cheval, son jean et ses santiags (à droite)

Nous repartons vers le Wyoming par la route 14, pour retraverser les Bighorns Mountains. Nous sommes sur le Boozeman Trail la piste des pionniers et des diligences. Nous fonçons dans les Bighorns jusqu'à une “scenic area” à 9 400 pieds (2 800m), avant d'entamer  la descente à 10%. Le “basin” était sous l’eau à la Préhistoire. Territoire indien jusqu’en 1878, avant que les pionniers ne s’en emparent. Retour à Billings.

Vendredi 11

Agréable soleil sur le Montana, nous reprenons la route 310 vers Yellowstone, à travers la Custer National Forest, par une majestueuse vallée glaciaire. Route en lacets qui monte au Beartooth pass (col de la Dent d’Ours), 3 000 mètres puis redescente dans un paysage de western, paradis des pêcheurs.
 
Voici enfin le fameux Yellowstone  (20 dollars pour 7 jours). Le paysage est joli mais nous semble banal, car nous avons vu mieux ailleurs. 
A Mammoth Hot Springs, révisons notre jugement : ce n’est pas banal, ces sources chaudes qui sentent le soufre
(à gauche)
Bientôt, nous reprenons la route vers Norris Geysers, à travers une  forêt brûlée en grande partie lors du grand incendie de 1988. 
Je photographie l’énorme dos d’un bison qui frôle la voiture … ainsi qu’un troupeau d’élans (voir ci-dessous)
A Norris Geysers, nous faisons une balade à pied dans le soir qui tombe, au milieu des fumerolles qui sentent le soufre, sortant de partout, ruisseau, lacs, rochers …Ce sont des activités volcaniques, tout simplement, mais sans volcans : on ne se lasse pas de contempler bouillonnements de boues, suintements jaunes ou verts, crachements de fumerolles ou de jets d’eau … Fascinés tous deux  par cette nature en folie ! Motel à Idaho Falls.
Samedi 12

Devant le motel, sous la pluie, un barjot en slip sous la pluie essuie … les phares de sa voiture !
L’Idaho, “famous potatoes” : notre route longe la Snake River.  Soudain, apparaissent des rochers noirs presque effrayants recouverts de sauge grise. Ce sont des “lava beds” ou lits de laves d’origine volcanique (mais sans volcans).
L’Idaho : de grandes étendues cultivées plus ou moins plates avec collines pelées. Pocatello, “small town”  au milieu des arbres, au pied de collines à pattes d’ours : une université, beaucoup de pelouses …
Nous traversons la Caribou National Forest sous un ciel noir, hautes collines pelées impressionnantes.
Le soleil revient, la vallée s’aplatit,  parsemée des fermes petites et rapprochées moins riches que dans les grandes plaines. Nous apprenons que cette vallée était empruntée par les pionniers … c’est l’Oregon Trail.
Après la pluie, le soleil réapparaît pour notre entrée dans l’Utah sous un ciel bleu légèrement moutonneux.
Nous roulons dans une vaste plaine qui longe, sur la gauche, les Wasatch Range, haut et beau massif de montagnes. Il fait chaud maintenant, les noms des villes se font non plus germaniques mais anglais.
A Ogden sous un ciel menaçant, la circulation devient plus intense aux abords de Salt Lake City. D’abord, une vaste banlieue-dortoir répandue sur la colline, puis une, deux, trois raffineries de pétrole, énormes usines fumantes. Enfin, aux pieds des montagnes, le centre ville de Salt Lake City (170 000 habitants, mais 818 000 pour l’”area” , 1320 mètres d’altitude) avec ses quelques buildings. Et encore des usines. Et surtout, des travaux routiers monstrueux : toutes les sorties pour le centre ville sont “closed”, on construit une deuxième voie d’Interstate. Ce qui s’appelle faire les choses en grand ! Motel à Provo.

Dimanche 13

Au Tourist Center de Provo, un vieux Monsieur nous recommande Park City par une “scenic Byway” :  une route cernée de falaises faites d’énormes rochers plissés, jolie rivière avec pêcheurs dedans. La route (deux fois deux voies pour une route de montagne) continue de monter entre les Wasatch Mountains. Park City, une petite station de montagne neuve et proprette. Rien à voir !
Nous reprenons l’I80 vers le grand désert salé.
 

Mirage ; un ancien casino des années 30 au 
bord du Great Salt Lake


Le lac salé, bleu entouré de montagnes rouges. Soudain, un mirage : un vaste bâtiment carré entouré de quatre coupoles-minarets jaunes … C’est le “Great Salt Lake”, un ancien casino célèbre dans les années 30, dans lequel arrivait directement le train. Reconstruit sommairement, il semble d’un kitsch total, trônant au bord du lac. Juste en face, moins poétique, une usine fumante (même le dimanche !).

L'Utah désertique
 

Nous longeons le lac, dans un site magnifique mais peu touristique : usines d’exploitation du sel, pylônes et voie ferrée … De nouveau la route, une belle route, rochers rouges et conifères verts au soleil couchant. Une plaine gondolée, puis la route plonge dans un canyon de rochers gris parsemés de touffes de sauge, avec une rivière tout au fond. Des usines fumantes au fond du canyon, et des camions qui roulent le dimanche. Le paysage devient lunaire, soudain, une plaine verte et habitée. Motel à Green River.

Lundi 14

En route pour Arches National Park : décor de dunes de sable (du moins, rocher qui en a la couleur) grises et noires avec pattes d’ours, ou dunes pointues, sortes de “badlands” en sable. Des falaises rocheuses rouges stratifiées en forme de table basse, la plaine désertique parsemée de rochers rouges.  L a route 180 annonce les merveilles de Arches : rochers rouges en forme de châteaux forts.
 

Entrée à Arches (10 dollars pour la semaine, 1500 mètres d’altitude). Sans doute le plus beau des Parcs qu’on ait vu : rochers rouges (c’est du grès, semble-t’il) aux formes incroyables. Certains ont des noms : le Mouton, les Trois commères … A chacun selon son imagination : j’aurais plutôt tendance à y voir des seins et des phallus plus que phalliques !
Nous passons 8 heures dans ce Parc, à essayer tous les points de vue et à emprunter tous les sentiers (sauf celui de Delicate Arche, trop long et sans un brin d’ombre). Une journée formidable au grand air (chaud mais sec) à contempler, bouche bée, les audaces de la nature : Balanced Rock, Garden of Eden, Windows et Landscape Arche (une arche de pierre de 100 mètres de long, si fragile qu’elle est prête à s’effondrer à tous moments. Sur ma dernière photo de Balanced Rock, au coucher du soleil, la roche est  d’un rouge flamboyant. Nous quittons le parc pour notre motel à Grand Junction, Colorado.

Mardi 15

En route pour Pueblo, par les montagnes Rocheuses. Sur la 50 east, dans une plaine ondulante jaune-vert à mamelons. Encore des travaux routiers, encore des femmes sur le chantier, encore une maison transportée sur un camion … l’Amérique voit grand.
Montrose, 1700 mètres mais il fait 33° ! La route commence à monter, vers des collines vertes. Moutons et vaches, sous un ciel qui se couvre. Le camping est ici tout confort :  on loue des  "cabins log" (cabanes en rondin) mais avec “cable TV”. Paysage verdoyant, la route descend quand apparaît soudain un lac entourée de hautes montagnes : c’est un “blue mesa” artificiel mais néanmoins magnifique et grandiose, lac bleu entouré de rochers et dunes quasi désertiques. Un ranch en vrai bois. La route monte vers le Monarch Pass : trois voies bien larges, virages parfaits, montagnes taillées par un géant à la dynamite … nous sommes à 90km/h en “cruise control”  … Au col , 3300 mètres, un arrêt rafraîchissant : nous croisons un cycliste qui est monté à vélo, tirant une petite remorque. Un vrai sportif !
Descente à fond la caisse dans les sapins … mais, surprise, nous retrouvons le cycliste en bas ! Motel à Pueblo, Colorado.

Mercredi 16

Vers Colorado Spring’s,  dans un beaux paysage de montagne, maisons en bois et même un “swiss chalet”, rutilant et pimpant. Florissant, un village-rue pittoresque mêlant couleurs pastel et vrai bois.  Nous visitons “Adeline Hornbeck Homestead”, la maison d’une pionnière datant de 1870 : au bord de la route, accès libre. Le ciel se couvre, reprenons la route vers le Wilkerson Pass (2900 mètres d’altitude), vue magnifique sur la large plaine (jadis recouverte d’eau). Dans la descente, le soleil revient, sur ce merveilleux coin de Colarodo. Une maison isolée avec jeux pour les enfant et, sur la porte “8 is enough” : traduction : “huit enfants, c’est assez” ? Ils en sont capables !
A Hartsel, des tipis et un Cafe style Western. Pays des ranches, mustangs noirs et broncos bruns. A Fair Play, 3000 mètres, l’air est bon, un village de pionnier reconstitué. Vaste et doux paysage alpestre. Après le Kenosha Pass (3000 mètres), la route redescend en forêt sur Denver : chevaux à louer, encore des travaux routiers qui entaillent la montagne sur des dizaines de kilomètres. Motel à Cheyenne, capitale du Wyoming .

Jeudi 17

Nous faisons un tour dans Cheyenne, jolie petite ville verdoyante, allées ombragées, petites maisons tranquilles. Devant le Capitole, la statue d’Esther Hobar-Morris, la première femme à avoir apporté l’égalité des droits (de vote … ) pour les femmes en 1876. Une reproduction de “liberty bell”, la coche de la liberté, donnée par la France en 1950 : “to you, free people in a free land” … Pelouses vertes, trottoirs propres, un golf, un musée du Vieil Ouest, un vaste parc ombragé … Voila une ville à notre goût.
En quittant Cheyenne, soudain, c’est de nouveau la prairie d’herbes jaunes, désertique, sans un arbre. Rien pendant 50 kilomètres, si ce n’est ce sol lunaire et quelques tâches noires : l’ombre des nuages !
En direction de Fort Laramie. Deuxième arrêt au bord de la Platte River, pour lire des “markers” historiques racontant l’épopée des pionniers le long de la Platte, une avenante rivière entourée d’arbres qui doit son nom à un Français. Le traité de Fort Laramie signé en 1868, qui donnait les Black Hills aux Sioux, fut vite violé par les blancs.
 

Une "Tunique bleue" en poste à Fort Laramie
A Fort Laramie où nous resterons plus de deux heures à explorer ce musée en plein air qui reconstitue le Fort et ses nombreux bâtiments, dortoir et cantine des soldats, maisons des officiers … 
Mise en scène des intérieurs comme si on y était : dans le dortoir, ne manquent pas un pantalon de soldat, ni les chaussures au pied du lit, ni une fourchette sur la table du réfectoire à bidasses … 
Passionnant à regarder derrière les vitres.
Le petit musée de l’accueil retrace toute l’histoire du Fort, au début simple bâtiment de bois destiné au commerce de fourrures avec les Indiens. Nous repartons en écoutant une cassette de musique Sioux Assiniboine : un peu monotone mais sauvage !

Nous entrons bientôt dans le Nebraska, “The good life”, toujours longeant la North Platte. Un marker historique nous apprend qu’ici fut signé le traité de 1851, “the great smoke”, attirant entre 8000 et 12000 Indiens des Plaines, qui devaient toucher des annuités en dédommagement des dégâts causés par les pionniers sur l’oregon Trail.
Le soleil se couche, boule rouge enflammant le ciel, tandis que je rêve, assise à une table de pierre, à ce gigantesque rassemblement d’Indiens encore pleins d’espoir envers les blancs.

                                                                                               Florence CANARELLI
 
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