CARNET DE VOYAGE / USA 1996

"Badlands" du Dakota du sud

Explorons l'ouest   sauvage

Des "badlands" du Dakota au "big sky" du Montana. En route vers l'Ouest sauvage et authentique, hors des sentiers battus. Pour sentir le souffle des grands espaces.
Cliquez sur les images …
Ecouter Bob Dylan

 

Le Montana sauvage

Lundi 9 septembre

Départ de Burlington, Vermont, en chevrolet Lumina. Il bruine sur le lac Champlain (un lac de 200 kilomètres de long). Bientôt dans l’état de New York, par Albany, Amsterdam. A Uttica, dîner dans un restaurant où la clim marche à fond : portions énormes de pâtes à la viande, j’en laisse les deux tiers … Bienvenue dans l'Amérique repue !

Mardi 10

Par une température douce, nous longeons le lac Ontario et traversons Rome, puis Vienna, des noms très vieille Europe.
Au bord du lac Oneïda, un facteur distribue le courrier sans descendre de sa voiture : il a un volant à droite pour le côté droit des routes ! De vieilles voitures américaines rouillent sur les pelouses (néanmoins tondues). Les bords du lac sont constellés de maisonnettes en “plastique” de couleurs pâles, jaunes vertes ou bleues, dont certaines entourées de vieux pneus, bidons rouillés ou autres ordures - mais habitées cependant.  A Constantia, un golf verdoyant où les golfeurs à gros ventres se déplacent en voiturette à moteur.
Une constante qu’on retrouvera pendant tout le voyage : des églises partout, dans le moindre bled et même isolées en pleine nature. Toutes les confessions se côtoient et souvent se font face : méthodiste, baptiste, évangéliste, luthérienne, épiscopale, catholique, Témoins de Jéhovah …
Des pancartes annoncent les opposants aux impôts : “C.O.S.T., citizen opposed to sale Taxes” !
 

Une "small town" typique

Fulton, typique de la “small town” américaine : une rue entourée de maisons aux couleurs pastel dont certaines à minces colonnades blanches et vérandas à la Scarlett O’Hara.
D’immense parkings de “used cars for sale” miroitantes au soleil côtoient des cimetières aux discrètes pierres tombales alignées dans l’herbe.
A Rochester,nous faisons le plein pour 16 dollars (moins de 100 francs), M. jubile !
Petits pavillons, plus ou moins riches, mais tous avec  le drapeau américain fièrement planté dans le jardin. Jamais de murs, de barrière ou autres barricades à la française  : les pelouses finissent au bord de la route.

Le sport national : tondre sa pelouse assis sur son petit engin à moteur, la tondeuse classique semble démodée ici.
Après la frontière avec le Canada (Ontario), nous roulons vers Toronto, sur une autoroute chargée, dans un paysage sans charme, sous un ciel gris (de pollution ?).  A l’approche de la tentaculaire ville de Toronto, la circulation devient de plus en plus intense, l’air pue. Terrains vagues, barres et tours, pîlones électriques à la place des arbres, échangeurs et voies rapides, entrepôts et magasins … Sur des dizaines de kilomètres, 4 autoroutes à chacune 4 voies en parallèle, encore saturées de voitures à 19 heures. Des avions décollent et attérrissent aux 4 coins de l’horizon, des buildings de toutes formes et couleurs surgissent de partout … bonjour la métropole moderne invivable !
Par la Route 400, on échappe enfin aux tentacules, les premiers sapins font leur apparition. Ouf !

Mercredi 11

A la recherche d’un bon “breakfast”. Le restaurant est au bout d’une longue route sans fin; il est loin, rustique et plutôt sale mais le déjeuner est correct (30 francs à deux pour un déjeuner complet, oeufs, hash browns, saucisses, toasts et confiture, ça va). Paysage d’herbes blanches, arbres bas, sapins, bouleaux et autres conifères nordiques.
 
Apparition du bouclier canadien : rocher millénaire et moussu affleurant, quand il n’est pas taillé comme à coup de serpe pour laisser passer la route. La pierre est noire, rouge ou grise … impression étrangement fascinante mais pourquoi ?
Des bûcherons canadiens au travail, dans un paysage humide de lacs, étangs, marais. C’est le pays des Hurons, Iroquois et autres Mohawks.
Magnifique à voir : herbes et troncs d’arbres morts les pieds dans l’eau. 
Déjeuner dans un “country restaurant” en bois, près de la Rivière des Français. 
L’aubergiste nous dit voir passer beaucoup de touristes européens … mais peu de Français. C’est pourtant un coin qui a vu apparement des Français mais il y a bien longtemps.

Le "bouclier" canadien, vieux rocher millénaire étrangement fascinant

Le paysage est de plus en plus beau, la végétation plus basse, proche de la toundra. Et toujours ce bouclier canadien moussu érodé par les Millénaires. Pluie en douchette pendant qu’on écoute “Like an Hurrican”  de Neil Young, un grand Canadien !
Au bord de la Transcanadienne, quelques cheminées d’usine au milieu de la toundra, vision surréaliste.  Nombreux trucks transportant des troncs d’arbres, planches ou rondins. Il pleut sur la transcanadienne … Après la pluie, la route fume et la roche luit. On  ne s’en lasse pas. Bientot, nous assistons à un coucher de soleil nordique :  le soleil éclaire longtemps les nuages par en dessous, le ciel bleu clair, lumière orangée sur la plaine parsemée de mini-sapins, nuages roses et jaunes … L’hiver doit être froid, c’est le Nord. Motel à Sault Sainte Marie.

Jeudi 12

Le temps est devenu gris et froid d’un seul coup. Nous repassons la frontière américaine. C’est le Michigan du nord (“great lakes” dit la plaque d’immatriculation).
A travers la Hiawatha National Forest, qui possède une étonnante variété d’arbres, espèces multiples que je ne connais pas, toutes les nuances de vert.
Ici, les chiens habitent dans des niches, petites maisons en bois dans les prés. Pas si décadents finalement, ces Américains !
 

Un océan en furie ?        Non, le Lac Supérieur !

 Au bord du Lac Supérieur, il fait un vent d’enfer, et 12°. Un lac  ou l'Océan ? … beau et sauvage !
C’est la tempête, vent glacial et violent à vous arracher un bras, des mouettes se laissent porter par les courants, vagues déchainées comme un Océan en furie … Rarement (voire jamais) vu une nature aussi sauvage et belle !
Nous nous arrêtons sur des “scenic areas” pour profiter du spectacle : la voiture est secouée par le vent. Au carrefour, les feux multicolores, pendus à des cables, se balancent dangereusement. 

A Marquette, déjeuner chez Big Boy, d’une soupe réconfortante par ce froid (10° !).
Enfin, le soleil sort des nuages dans la Ottawa National Forest. Une piste de ski-doo le long de la route, un pont chemin de fer en rondins, époque Western.  Nous entrons dans la “central time zone”. La route monte et descend, dans la forêt, bouleaux et touches de rouge, arbres morts gris cendre. Une voiture de la State Police, comme surgie de nulle part, garée derrière une voiture sur le bas-côté. Motel à Ironwood.

Vendredi 13

Temps couvert et froid de canard ce matin … c’est une région de ski. Le Wisconsin, “America’s Dairyland”, réputé pour ses produits laitiers.
A  Ashland, nous visitons un vieux fort (reproduction) cow-boy du 17ème siècle, au bord du Lac Supérieur.
Après  Duluth/Superior, nous entrons dans le Minnesota (“10.000 lakes”), où la route est moins entretenue, la campagne gâchée de grands panneaux publicitaires.
A Grand Rapids , des travaux sur la route, une voiture de service orange guide les voitures (“Follow me”). Sur les chantiers, les femmes tiennent les panneaux SLOW.
Vision surréaliste : une Ford Bronco qui passe avec un Bugs Bunny en peluche gris encastré dans la calandre !
Le territoire des Indiens Chipewa, toujours des arbres morts, secs, les pieds dans l’eau de marécages herbeux. Motel à  Bemidji.

Une reproduction de fort du 17ème siècle

Samedi 14

Beau temps, soleil, doux.  Dans un "Antiques" (brocante) situé dans une ancienne école, la propriétaire, Cheryl Stoolman, nous invite pour le lunch lors de notre prochain passage !
Sur ses conseils, nous visitons l'Itasca State Park,où se trouve la source du Mississipi et un chemin d’observation de la nature.
De nouveau sur la route 2. L’ouest du Minnesota : hyper-clean à l’allemande, route large, bas côtés bien tondus … Vastes plaines vertes, cultivées, grands espaces plats à l’infini. Motel à Grand Forks. North Dakota, “discover the spirit”.

Dimanche 15

Sur la route 2, à travers la prairie immense. Une base de l’US Air Force, protégée par un mur et des barbelés, on aperçoit juste quelques empennages d’avion.
 

Dans les vastes plaines blondes

L’herbe blondit imperceptiblement, poussant parfois les pieds dans l’eau, comme sur le bouclier canadien.

Le Dakota du nord : paysage vallonné, herbes jaunes, champs cultivés, mamelons herbeux, parsemés d’étangs et de balles de foins rondes.
Devils Lake, l’eau du lac, de couleur bleu vif, est au ras de la route, plantée d’arbres et d’herbes. C’est un territoire Sioux, la route est inquiétante, parfois fermée quand l’eau déborde. 

… du North Dakota 

Une “Sioux Manufacturing Corporation” (usine), un village indien qui n’a rien de romantique, juste des baraques en plastique défraichies - complètement américaines !
Les engins agricoles sont énormes, couleur kaki. Toujours des lacs bleus vifs au milieu desquels poussent de hautes herbes vertes et jaunes, parfois rouges. Un écureuil tigré traverse la Highway 2, qui longe toujours la voie ferrée bordée de ses poteaux téléphoniques minuscules. Un village de “pionniers” à Rugby. C’est ici le centre géographique du nord de l’Amérique. La route devient vallonnée, les herbes sont de couleurs changeantes, parfois roses. Towner, la capitale du bétail du Nord Dakota.
Minot, la route monte, mamelons herbus puis soudain la plaine plate. Encore des mamelons blonds, les vaches sont noires de jais. Pause dans un site très “Danse avec les loups”. Motel à Tioga.

Lundi 16

En route vers le parc Theodore Roosevelt, unité nord. Par une route en terre, des puits de pétrole, des chevaux mustangs de noble allure, des mamelons dont les creux sont remplis d’arbres - à l’abri du vent ? -
Le Nord Dakota appartient aux “grandes plaines” qui nourrissent l’Amérique et même le monde entier. Paysage lunaire, de plus en plus vallonné, les arbres se concentrent dans les creux, les bosses sont couvertes d’une herbe rase de couleur changeante, toutes les nuances de blond, du presque blanc ou presque rouge, fermes rouges et bleues sous ciel moutonnant, lumière nordique, vaches noires de jais et chevaux bruns racés.
Apparition des Bad Lands : surnommées “mauvaises terres” par les explorateurs français.
 

Dans le parc Theodore Roosevelt 

Le Parc Theodore Roosevelt (4 dollars l'entrée) : sauvage et méconnu, loin des routes fréquentées, pas une seule baraque attrape-touristes. Par contre, des bisons (“buffalos”) en liberté, à regarder de loin car dangereux, nous indique une pancarte.

Les Bad Lands sont un curieux phénomène géologique, roche tendre érodée depuis des Millénaires par les pluies battantes et le vent : mamelons de toutes formes et couleurs (du rose au gris ardoise).

… Un vrai bison

D’en haut, point de vue sur la Little Missouri River … C’est beau à couper le souffle. D’autant que le vent est si violent qu’il pourrait décorner un buffalo ! Nous passons trois heures dans ce parc “marvellous” en compagnie des biches et des énormes bisons.
Il fait 31° nous apprendra le responsable de la seule boutique du parc, un barbu sympathique qui s’excuse de ne pas savoir le français. Nous signons le guest book, il est ravi !
Retour vers Tioga, où nous entrons dans un “Cafe” à Keene, qui semble abandonné, porte battant au vent, dans un bled paumé à la Wenders. Mais non, nous sommes accueillis par un couple civilisé et communicatif qui, bien que le Cafe soit fermé, nous fait la conversation, sortant des cartes pour connaitre notre itinéraire. De nouveau, nous signons le guest book, qui a vu passer des touristes du monde entier, et même quelques rares Français ! Le Nord Dakota est un état de très riches fermiers, nous dit la patronne (physique à la Jane Fonda) … Même si elle et son mari ne le sont pas.

Mardi 17

De nouveau la route 2, de nouveau la plaine aux herbes dorées, blond cendré ou vénitien, qui remuent au vent.
Enfin le Montana :  il pleut, la route devient plus étroite, moins entretenue, le paysage change d’un coup, plus sauvage.
Nous entrons dans la Moutain Time Zone. Toujours des mamelons d’herbes rases mais les fermes semblent plus petites, moins riches.
A l’office du tourisme de Culbertson, accueillis par deux vieilles dames à l’ancienne, l’une brodant dans son coin. Nous visitons leur petit musée, regroupant des souvenirs et autres collections … charmant !
Poursuivons la route par une petite pluie venteuse, dans un paysage grandiose mais où les fermes et panneaux nous semblent plus petits, à la dimension européenne. Un plateau des Mille vaches à la puissance cent, quand même.
Dans la Fort peck Indian reservation, une station,“Tribal Express”, tenue par un Indien : abords peu entretenus, petites maisons plus ou plus “destroy” aux couleurs fanées. Un avenant “Keep Out” sur une porte. Les Indiens roulent en pick-ups ou en vieilles voitures, portent casquettes et baskets américains. Un jeune à longue chevelure noire de jais sort d’une vieille Buick, il est mince mais il ne le sont pas tous.
La pluie cesse, le ciel immense reste gris foncé à l’ouest, faisant apparaitre de nouvelles nuances de jaunes dans les herbes.
Wolf Point, où est passée la “Lewis and Clarck Expedition”, des pionniers payés par le Gouvernement pour découvrir de nouveaux territoires. Des casinos en pleine campagne …Un convoi ferroviaire nous suit, dont on ne voit plus la fin : il est tiré par … 4 motrices !
Une trouée de ciel bleu s’agrandit tandis que M. double un mobil-home à fond les manettes : pas de “speed limit” dans le Montana, il en profite !

Le "big sky" du Montana; le barrage de Fort Peck 

Le barrage de Fort Peck, le "plus grand du monde". Construit pendant la Grande Depression des années 30 par Roosevelt, il employa 10.000 personnes. Magnifique site, eaux bleues et herbes blond-roux.
Le  paysage devient lunaire, la lumière polaire, le ciel changeant … C’est une autre planète. 

Un pionnier avec son long fusil

A Chinook, un ours en enseigne lumineuse nous dit Au Revoir de la patte ! La nuit tombe. A Havre, qui est tout sauf un hâvre de paix car, inimaginable, TOUS les motels sont complets ! Obligés de se rabattre sur le vieillot Hotel Park, chambre sans salle de bain et surtout, puant la clope froide … un vrai cauchemar ! Heureusement, diner réconfortant chez Black Angus d’un délicieux “sirloin steack” (aloyau). Et pas cher (25 francs par personne).

Mercredi 18

Nous quittons cet hôtel infâme à 8h30 - notre record ! - pour reprendre la  route 87, vaste plaine blonde sur laquelle se profilent en bleu pâle les contreforts des Rocheuses.  Le soleil brille, le moral aussi. A Loma, M. photographie une Chevrolet Bel Air des années 50. Sur un parking, rencontre de Frank, grand et costaud motard en cuir, doux comme un agneau : originaire du Montana, il travaille sur les chantiers dans l’état de Washington. “Welcome in America” dit-il à M. en lui serrant la main, avant de nous faire un démarrage sur les chapeaux de roues !
A Fort Brenton, nous visitons un  site historique, l’emplacement d’un fort et un ancien pont sur l’Upper Missouri River.
De nouveau, ces merveilleuses vastes plaines blondes ondulées du Montana, avec les Rocheuses qui se précisent dans le lointain.
Devant nous, une vieille Cad. avec auto-collant “get a live, be a christian” et YAVEH sur la plaque d’immatriculation.
A Ulm, nous empruntons une petite route, pour observer la “wild life” au bord d’un lac. On ne voit rien, si ce n'est un Cow Boy à chapeau qui nous dit “Hello !” depuis son "pick-up".
 

La Missouri River, paradis du pêcheur… 

Riche idée cependant d’avoir pris cette petite route qui longe la Missouri River : elle passe au milieu d’un canyon de rochers rouges énormes, tombant à pic dans la rivière. Paradis des pêcheurs, ils sont nombreux, en barque ou carrément dans l’eau, avec leurs grandes bottes. Paradis tout court, dans une lumière jaune divine, on est émerveillés. 
Soudain, sans prévenir, apparait la plaine, ondulante et ensoleillée, jaune tendre et parsemée de rares sapins, en fait une gigantesque vallée glaciaire.

et paradis tout court

Toujours ces vaches d’un noir brillant sans tâches. “Gates of the Mountains”, c’est la porte de la Montagne, un cirque de montagnes de dimension presque angoissante … Trop grand, on se sent trop petit ? La route est un parfait tapis de velours noir qui monte, puis redescend vers une autre vallée gigantesque … au fond, Helena, capitale du Montana.

Jeudi 19

Dans Helena, le “down town” (centre-ville), se résume à deux rues parallèles où sont regroupées magasins, stations, motels et restaurants …
En route pour Missoula  par la forêt. Vaste cirque de montagnes arrondies, mi herbes, mi-sapins, ranches en rondins de bois : les couleurs sont si douces qu’on dirait un décor peint. La route serpente à travers la forêt, monte jusqu’au col, le “Flesher Pass” à 2000 mètres. Nous faisons un tour à pied sur un chemin forestier, apaisant.
Vers Lincoln, une “small town” de montagne, maisons en bois et air vif (8° !!).
Les habitants du Montana nous semblent individualistes, souvent jeunes et sportifs, un peu hors normes.
A Lincoln, la boutique de souvenirs  vend aussi l’équipement pour passer l’hiver : brrr … qu’il doit être froid !
Dans son atelier-boutique, un sculpteur sur bois réalise des totems sur toutes sortes de thèmes, même le cow-boy : remarquable.
Après la forêt, revoici la plaine immense et blanche entourée de sommets bleutés. C’est le “Wild West”.
Les granges sont en vieux (vrai) bois brun. Amusant ; une pub “Montana beef country” avec des vaches en premier plan, ces magnifiques vaches noires. On en mangerait …
Motel à Missoula, la ville des écrivains. Nous passons la soirée dans une “book shop”(librairie) immense, ouverte jusqu’à 23 heures : ils sont intellos ici, pas de doute. Mais dans la décontraction : les vendeurs ont des cheveux longs et la pause café est offerte.

Vendredi 20

Garnet, village de chercheurs d'or 

Ce matin, nous traversons la Lubrecht Forest, une forêt majestueuse avec ses pins immenses, avant d'emprunter une route en terre, style tôle ondulée et gravillons.
Nous mettrons une heure pour atteindre Garnet, un "ghost town" (village fantôme) de chercheurs d’or où tout est resté en l’état, avec son saloon, ses maisons en rondins, sa prison, son hôtel encore meublé …
Motel à Helena.

ses cabanes en rondins

Samedi 21

C'est le jour du retour, par un vent froid, et 8°,  à travers une vaste plaine blonde avec lacs entourés de sommets enneigés, dont le Mont Edith à plus de 3000 mètres. De magnifiques voitures exposées dans un champ … A Harlowton, une locomotive électrique est exposée au carrefour, elle date de 1911.
Chevaux racés et vaches noires, nous sommes dans le “cow country”.
Alternance de rochers énormes et de vastes plaines désertiques, route ondulant à l’infini, ruban noir sur champs blonds. Comme un tableau. L’horizon devient crénelé, monticules carrés et seins ronds à bouts pointus sous lumière rasante (bientôt 19 heures). Les ombres des herbes s’allongent sur la route. Le paysage est de plus en plus désertique, une voiture toutes les demie-heures. Rien sauf quelques vaches … Soudain, est-ce un mirage … un auto-stoppeur ! On évitera de le prendre. Après une heure de désert, retour à la civilisation et à l'interstate 94.

Dimanche 22

Sur l’I 94 de nouveau, dont on refait le revêtement :  des travaux à la dimension américaine, grandiose, sur des dizaines de kilomètres … Encore des mamelons blonds entrecoupés de barrières rocheuses de formes diverses, pattes d’éléphant par exemple.
De nouveau dans le Nord Dakota puis cap vers le Sud : même plaine blonde, ondulée, trouée … Rien de monotone. Les fermes sont hyper-cleans, on sent l’influence germanique, d’ailleurs la capitale s’appelle Bismarck.
Dans le Dakota du Sud, la route monte et descend profond, l’herbe peu à peu devient plus verte. Le dakota du Sud semble moins propre que le Nord : des toilettes sales pour la première fois ! Toujours la même différence entre nord et sud.
Sur un parking, rencontre de Tom, grand barbu roux et bien portant en treillis militaire, qui réchauffe des haricots sur un réchaud, tranquille, debout dans le soir (et le froid) qui tombe : M. lui adresse la parole, il se révèle doux et même pertinent. D’origine hollandaise. En conclusion de notre conversation : il n’y a de paradis nulle part, ni en France ni en Amérique … Sinon, tout le monde y serait ! .

Lundi 23
 

Deadwood 

En route pour les Blacks Hills, dans le South Dakota - “Great Places, Great Faces”. 
Un paysage doux avec sapins, magnifique route à 4 voies au milieu d’une trouée de rochers rouges.  Nous faisons un rapide tour dans Deadwood, vieilles maisons westerns 19ème siècle bien conservées - ce qui est très rare ici.
Enfin les Monts Rushmore, ce fameux monument représentant les têtes sculptées des présidents Jefferson, Washington, Roosevelt et Lincoln.

les Monts Rushmore

 Un site plus que touristique mais les dimensions sont belles, un sentier (peu fréquenté car marcher n’est pas le fort des Américains) nous offre de beaux points de vue sur les sculptures de pierre. L’artiste, danois, a travaillé 17 ans à l’oeuvre de sa vie.
De nouveau la route : une pancarte annonce “Dances with the Wolves”, sans doute le lieu du tournage du film. C’est tout à fait plausible. Sur la 40, à travers les Bad Lands, où on a un avant-goût du National Park du même nom … Vaut le voyage : rochers travaillés par l’érosion et le vent, pattes d’éléphants ou dents pointues. On reviendra.
Dans un Cafe indien, en territoire indien (Sioux), le fils de la maison est un gaillard immense avec une longue chevelure noire et raide. Il était peut-être dans Danse avec les loups ?
Ici aussi, les Indiens vivent dans des baraques vétustes et sales, posées sur des briques. Leurs voitures sont rouillées. Sur la route infinie, marchent deux Indiens  … à pied. Où vont-ils dans ce désert ?
De nouveau, ces inoubliables mamelons herbeux, parfois entourés d’eau. Les herbes roussissent dans le couchant, la White River  est vraiment blanche.
Dans une station service un grand motard - adulte ! - transporte sur son  porte-bagage … un ours en peluche vêtu d’un blouson de cuir : Vive l’Amérique sans complexes !

                                                                                                            Florence CANARELLI
 
Revenir en Amerique Lire mes autres Voyages en ligne Lire aussi mes Reportages en ligne