CARNET DE VOYAGE / USA 1995

Ontario
En route vers les montagnes      Rocheuses
De l'Ontario aux  "Rocky Mountains". Pour notre premier voyage aux USA, nous avons choisi de rouler, rouler …  sur les "Interstates" américains. Et d'atteindre les Rocheuses, cette énorme chaîne de montagnes qui se dresse, sur 2500 kilomètres, entre l'Est et l'Ouest du pays.
Cliquez sur les images …

Rocheuses du Colorado

Mardi 5 septembre

Depuis le Canada, en provenance de Montréal, nous franchissons (à 16h15 exactement) un pont vers les USA.  A la frontière, deux douaniers nous appellent par nos prénoms et nous demandent  : “Why Denver ?” . Comment leur expliquer, en anglais, qu'on a envie de mesurer, de nos yeux et presque physiquement, en roulant, les dimensions de ce pays  tout en prenant un grand bol d'air frais dans ses montagnes mythiques, hors des sentiers battus du tourisme ?
Voici notre premier "interstate" (autoroute mais gratuit), l’Interstate 81, qui traverse l’état de New York, jusqu’à Syracuse. A 21 h, notre premier motel, “Hospitality Inn” à Williamsville. Nous sommes fascinés par l’aspect pratique et efficace de ces motels regroupés autour de restaurants et de stations services aux sorties des interstates : “gas-food-lodging” : Welcome in America !

Mercredi 6
 

Les bords du lac Erié n'ont rien de 
romantique

A travers l’état de Pennsylvania. Le long du lac Erié, banlieues sinistres ou résidentielles. Je veux voir le lac mais, déception, il est gris et sans intérêt. Sur son bord, on trouve même un énorme pneu de camion - sur lequel je prend  M. en photo ! Traversée de Cleveland, ville industrielle, air pollué, chaleur étouffante. En Indiana,  paysage de campagne verte et ondulée, maïs, fermes, dunes.
Une portion d’interstate à péage. Un énorme Américain au péage, boudiné, survolté, parlant - éructant - à toute allure. Survitaminé ? 
Dans une station service, contrastes américains : un client au regard mauvais et agressif, la cinquantaine aigri, exige le plein de super, même pas  arrêté et d’un ton déjà excédé. Le pompiste, dégaine cool et cheveux longs, répond “OK, OK” calmement, et continue de nettoyer son pare-brise en prenant tout son temps.

Motel Redwood Lodge à Angola. A la réception, un personnage de film, yeux bleus et grand sourire sympathique, sortant d’une pièce à la décoration kitsch, nous parle de l’Europe qu’il connait.

Jeudi 7

Breakfast chez Hardees,” fast -dégueu”. Voici l’Illinois. Pluies non stop dans la banlieue de Chicago. Déjeuner dans un “Family Table”  d’un énorme “meat loaf” dont on laisse la moitié. Pour 13 dollars le repas, c’est donné.
Nous sommes entourés de monstrueuses Américaines, blanches et noires, de tous âges. Les femmes surtout sont obèses, débordantes de graisse, informes. Mais, les portions étant plus monstrueuses encore, elles demandent des boites en carton pour emportant les restes. On dirait que c’est une habitude ici !
Près de Princeton, arrêt pour un “antiques”  (brocante) où nous achetons de vieilles publicités des années 60.
Motel à Cedar Rapids. Le caissier d’une station service : jeune, mince, sportif, d’une vivacité surprenante. Survitaminé ?

Vendredi 8

“All American breakfast” chez  Perkins Family Restaurant :  oeufs, saucisses, pommes de terres rôties, toasts.
La serveuse, obèse : “more coffee ?”.  Autour de nous, rien que des grosses difformes, surexcitées. Le jeune couple américain : elle énorme en T-shirt informe, lui mince en jean et santiags ?
Voici l'Iowa, état agricole, vert et vallonné, des fermes, des vaches, du maïs. C’est l’état d’origine de John Wayne.
Puis le Nebraska, “the good life”. Plat, plat, plat : les plaines du Far West !  “Ogallala”, la capitale des cow-boys, des lacs et des étangs. Seul relief, les Sand Hills.
Les Nebraskans, “une race indépendante et fière, mais généreuse et ouverte” disent les dépliants touristiques.
Motel à Grand Island, où, le soir tombé, les jeunes font du “cruising” en voiture le long des larges Avenues. Chez nous, ils font pareil en mob !

Samedi 9
Après le Nebraska, voici enfin le Colorado. Nous sommes dans la Mountain Time Zone (une heure en moins).
La route commence à monter très progressivement : le paysage change, herbes blondes, monticules pelés. Baisse de la température, il fait 13 degrés.
- “You loote, I shoote”  (tu voles, je tire !) dit un autocollant sur la porte d’une station Total. Ici, on annonce la couleur : pas de quartiers ! Dans la vitrine, des Indiens sont à vendre, 300 dollars. La circulation est réduite, toujours cette herbe courte et blonde. Merveilleux nuages, plusieurs couches qui bougent sur fond de ciel bleu. L’air sent l’herbe. Enfin le Motel 6 à Denver, il est 19h.

Dans la vitrine, des Indiens sont à vendre, 
300 dollars

Dimanche 10

Le parc des Rocheuses, idéal pour observer la faune

En route pour le Parc National des Rocheuses. Temps doux, ciel blanc, il fait 15 degrés.
Le Parc américain : une entrée payante, de magnifiques routes panoramiques agrémentées de nombreux parkings où s'arrêter pour contempler le paysage.
L'entrée est  ici de 5 dollars. Nombreux points de vue, pour admirer la faune qui grouille : écureuils, oiseaux, castors dans leur étang …  Magnifiques paysages très Westerns. L’air devient de plus en plus vif jusqu’à l’Alpine Center, point culminant du circuit ( à 3691 mètres). Promenade à pied … écourtée à cause du froid : il reste ici quelques névés, glagla !
Nous quittons le Parc par Grand Lake, adieu les Rockies.
Dîner mexicain à Granby, où les portions sont … énormes mais délicieuses. 
Une Polonaise, à la réception nous confie qu’elle est très contente aux USA mais travaille très dur : 
- “we work hard here !”

Lundi 11

Journée à Denver, capitale du Colorado,  “the mile high city” (la ville à  1600 mètres d’altitude). Nuages et soleil, vent vif. Denver est une belle ville avec des buildings à taille quasi "humaine".
Nous visitons le Capitole, le parlement local construit sur le modèle de celui de Washington. Sa coupole est recouverte d’or pur, provenant des mines du Colorado. De la galerie circulaire au sommet, vue panoramique sur la ville.
 

On y rencontre un couple de retraités : “we are tired now, so we travel !”.Plus loin, un autre retraité, tout seul, nous aborde : il n’est pas tout jeune (il a fait la guerre contre le Japon) mais sillonne les States lui aussi. Il nous recommande Frisco, Seattle, Vancouver. Et New York. A côté, les buildings de Denver, “it’s nothing !”. Comme beaucoup semble t’il de vieux Américains, il a une dégaine d’étudiant à casquette …  Rien d’un petit Pépère pantouflard à la française !
Dîner à Larimer Square (sur les pas de Jack Kerouac) : Eagle Café, café de jeunes à la déco Western. Le serveur, long jeune homme à longs cheveux, longue chemise sur son jean … mais aussi “professionnel” que partout ailleurs : il vient nous demander trois fois si tout est OK et ressert du café à M. - qui n’a rien demandé !

Mardi 12

En route pour Colorado Springs, au sud de Denver.  Vers la Pikes Peak Road, route en terre célèbre pour sa course de côte.
Une entrée payante (10 dollars) pour un circuit de 40 miles (60km) jusqu’au sommet à … 4300 mètres !
 

La Pike's Peak Road, une route vertigineuse                                                                                  En chemin, on rencontre des engins bien étranges

La limite des sapins est très haute ici (vers 3500 mètres), la route sans parapet, est heureusement très large. Au sommet il fait près de 7 degrés, temps superbe, dégagé, rochers rouges et sapins verts, pas de neige. Une route sauvage et inoubliable.

Mercredi 13
 
A Golden, nous visitons le Colorado Railroad Museum, un musée privé en plein air. 
Dans les champs, de vieux trains et locomotives, des compagnies Union Pacific ou Rio Grande, comme dans les films de cow-boys. 
Tous engins restaurés avec amour par des particuliers, bénévoles bien sûr.

Nous revenons par Idaho Springs (mine d’or), Georgetown, vieille ville de chercheurs d’or et même la tombe de Buffalo Bill, sur une colline dominant Denver. C’est notre quart d’heure touristique.

Jeudi 14

Près de Canon City, nous allons visiter le Royal Gorge, le pont suspendu le plus haut du monde. Il date de 1929, et surplombe un canyon de roches rouges. Site hyper-touristique (16 dollars l'entrée), avec téléphérique, funiculaire … Rien ne manque à l'exploitation industrielle du tourisme mais cependant … Le site est tellement spectaculaire et le temps si sublime, le ciel si bleu, l'air du Colorado si léger. En plus, c'est sur ce pont que fut tournée la scène du mariage de Tueurs nés, d’Oliver Stone.
De nouveau sur la route, où nous rencontrons avec de jolies  biches peu farouches ; elles viennent manger dans la main !
Bientôt, nous nous éloignons peu à peu des Rockies. Go east !
La route est rose, puis verte, noire, traversant une grande plaine à chevelure blonde. C’est la route immense de Wenders ou de Hitchcock …

                                                                                                                            Florence CANARELLI
 
Revenir en Amérique Lire mes autres Voyages en ligne Lire mes autres Reportages en ligne