Contradictions
Les Allemands sont métaphysiciens et idéalistes, les Français pragmatiques et réalistes … c’est du moins ce qu’affirmait la Revue Germanique (fondée en 1858 par deux alsaciens Dollfuss et Nefftzer). Mais Louis Reynaud pense le contraire (dans “Français
et Allemands”, 1930) : la France, c’est l’esprit, la raison, donc l’idéalisme,
alors que l’Allemagne, c’est l’âme, l’inconscient, l’individuel,
la nature, donc le réalisme !
De même concernant la “Liberté”. Selon le philosophe allemand Ernst Troeltsch (1917), la France est certes le pays de la liberté mais … lors de la 3ème République, on vit “à quel point cette liberté du peuple était en réalité domination de la bourgeoisie, à quel point elle réside encore aujourd’hui dans les mirages de la théorie … car la démocratie française s’est montré celle de l’éloquence vide, souvent noble mais creuse". Au contraire, pour Sybel, c’est l’Allemand qui aime la liberté car «il a le sentiment profond de la nature particulière de sa personne, de sa ville, de sa province» . Le Père Didon (dans “l’Allemagne”, 1882), est de cet avis : “autant le soldat est discipliné, autant l’étudiant est libre … nul programme, la science est libre, les méthodes sont libres, le choix des sujets est libre, le professeur est libre, l’étudiant même est libre … Une telle liberté … serait un péril pour la jeunesse française : la vivacité, l’ardeur fiévreuse de notre sang a peut-être besoin du joug des programmes”. Plus tard (1926), le linguiste Karl Vossler n’hésitera pas à opposer “l’individualisme allemand au respect français des conventions sociales et du bon sens”.
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