Mercredi 20 juin
Départ de Nice par Vintimille, le Col
de Tende et l'autoroute Turin-Milan.
Après Vintimille, la route “européenne”
côté italien est très roulante (tunnels nombreux flambants
neufs). Retour côté français pour retrouver une vieille
route qui tourne (un seul tunnel neuf). Les Italiens semblent plus pressés
que nous de faire l'Europe !
Heureusement, les virages du Col de Tende ont
été ré-asphaltés : ils en avaient besoin. Quant
à la "frontière", finie, terminée, elle est
désaffectée. Surprise, le vieil autoroute pour Turin a également
été refait à neuf. Bravo, les Italiens !
Face à nous, se profilent les Alpes
enneigées, (Mont Blanc, Zermatt). Dans la région de Turin,
sont arrivés Carrefour, Leroy Merlin et autres Auchan. Question
commerce, les Français font mieux que sur les routes …
Sur l'autoroute pour Milan, toujours très
chargé, nous faisons une halte pour déjeuner dans un snack.
Scène de la "dolce vita" italienne
: comme il n'y a pas la moindre table de pic-nic sur le parking, nous mangeons
notre part de pizza debouts entre deux poubelles et les chiottes, à
regarder passer les camions. La nature est à l'abandon, pas un banc,
pas un espace vert aménagé. Par contre, notre glace au café
est sublime. Contrastes italiens !
Aux toilettes, la souflerie est en panne,
il manque du savon d'un côté, du papier de l’autre, et la
propreté laisse à désirer.
Nous reprenons l'autoroute où, aux alentours
de Milan, la circulation est intense et nerveuse. Il fait chaud mais pas
trop, grâce à la vitre arrière qui descend de notre
nouvelle Honda CRX Targa
Bientôt, nous quittons l’autoroute pour la route des bords du lac de Côme. D’abord, déception : cette route n’est faite que de tunnels, et bordées de doubles rangées de glissières et grillages sans possibilité de parking. Si Stendhal voyait ça … Le romantisme n’est pas italien, encore moins l’amour de la nature ?
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Italie
Menaggio, sur le Lac de Come, où nous révisons
notre jugement :
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Menaggio, village touristique où nous
“enlevons le haut” (le toit de la Targa), afin de profiter de l'air (chaud)
et du paysage. Là, nous révisons notre jugement : charmants,
ces somptueux hôtels baroques de dimensions énormes, juste
un peu décrépits. Sommets enneigés en arrière
plan.
Cependant, le village n'est pas aussi sublime
qu'il pourrait être : il lui manque une certaine tranquillité,
vue la circulation incessante de camions et voitures se croisant dans ses
ruelles étroites et tortueuses. Une torture pour les conducteurs
de poids lourds, condamnés à des manoeuvres pénibles
et délicates - et bloquant par la même occasion la circulation.
Bloqués nous-même dans un "bouchon", nous contemplons les
façades gentiment dégradées des maisons en essayant
de les imaginer repeintes et rutilantes … Mais ce ne serait plus l'Italie,
certes.
Après le lac, une riante vallée
verdoyante. Chiavenna, dernier bled italien avant la Suisse, fabriques
et barres cotoyant le vieux village. La route monte dans les sapins, enfin
la Suisse.
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Paysage verdoyant, chalets aux volets rouges
et verts, montagnes enneigées
enfin la suisse ! |
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Premier arrêt dans une station Shell bien
propre. Aux toilettes, "nickel-chromes", tout marche, eau chaude et savon
à volonté …
Bientôt, M. s’éclate en prenant
à fond la caisse des virages parfaitement relevés (dans le
bon sens). Grandiose paysage de montagnes civilisées. Col de la
Majola, après une route en lacets. Maloja est une belle station
de ski (1800 mètres), où trône une énorme batisse
aux décors peints qui a des airs de sanatorium.
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Suisse alémanique
Sur le Silser See, un pêcheur dans sa barque Les alpes enneigées en arrière plan : A-t'on trouvé le paradis ? |
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Sur un lac, le Silser See, un pêcheur
dans sa barque. Les névés semblent tout proches. Sils Maria,
chère à Nietzsche : merveilleuse région de torrents,
prairies, forêts, sommets enneigés.
Saint Moritz, son grandiose Park Hotel Kurhaus
avec clochetons, dans une belle vallée plate balayée par
les vents, cernée de hautes cimes.
Diner à La Punt-Chamues (drôle
de nom) de deux “wurst” (saucisses) maison, dans un "gasthaus" (restaurant)
avec vue sur les cimes.
Saucisses, boiseries, propreté, service
souriant, ambiance "gemütlich" : bienvenue dans le monde germanique
!
Il fait encore jour quand nous reprenons la
route, fonçant pour ne pas arriver trop tard à notre gasthaus
(on se couche tôt dans ces contrées). Profitons, le toit enlevé
et le nez en l'air, des odeurs d’herbes et du vert apaisant de ce paysage
bucolique.
Après Zernez et Susch, la route, déserte
à cette heure, monte en pente raide, virages serrés dans
un paysage de glaciers tout proches. C’est une vallée glaciaire
parsemée de névés. Nous arrivons au col du Flüelapass
pour assister au coucher du soleil sur un ciel rose : beauté de
la Montagne … D’ailleurs, existe-il des montagnes laides ?
Dans la descente, vision hallucinante :
une petite Fiat est arrêtée sur la route étroite, tous
phares éteints, les propriétaires étant sur le bas
côté, occupés à cueillir des fleurs … Extrêmement
dangereux sur cette route si étroite, la nuit. Et d'ailleurs, que
font-ils? Nous apprendrons plus tard que certaines espèces de plantes
des montagnes sont interdites de cueillette : ces Suisses là ne
sont sans doute pas de bons citoyens !
Nous traversons Davos à la nuit noire.
Une heure encore et enfin, voici St Antönien, et notre pension “Bellawiese”
(après 657km de route) (voir sur le Net, bellawiese.ch).
Jeudi 21
Au "früstück", où nous
arrivons bons derniers, nous retrouvant tout seuls devant un énorme
buffet de jambons, fromages, confitures, müesli …(les autres pensionnaires
ont déjeuné plus tôt, comme des Suisses qu'ils sont
!). Le patron de la pension, Heinz Rieder, grande barbe et pantalon en
“peau de vache” (à tâches noires sur fond blanc !), est
lui aussi très Suisse : pas antipathique mais réservé
et peu disert. Il répond quand même à notre question
concernant la neige sur les sommets que l'on voit de la fenêtre :
c'est parait-il exceptionnel, car il a neigé à la Pentecôte.
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Suisse alémanique Notre "gasthaus Bellawiese", dans le petit village de Sankt Antönien, parfaitement tranquille hors des grands axes de circulation |
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Bientôt, nous traversons St Antönien
sous le soleil, idylique village suisse (et mini-station de ski) dans une
nature parfaitement entretenue et verdoyante. De nouveau sur la petite
route qui suit le torrent radieux, jusqu’à Küblis, avant de
rejoindre la nationale.
J'observe avec curiosité les maximes,
en caractères gothique, peintes sur les façades des chalets,
qui disent par exemple (en allemand) “Ma maison est mon univers …”
Klosters, gros bourg dans la vallée,
au pied de la station chic de Davos. De gigantesques travaux sont en cours
pour contourner la ville. Une route qui évite un village, voila
la conception suisse de la qualité de la vie … Une idée que
je partage pleinement.
Davos, ses grands hôtels austères,
ses Klinik et Kurhaus qui ont remplacé les sanatoriums du temps
de la "Montagne Magique" (lire Thomas Mann). Puis, nous reprenons, en sens
inverse, la route du Flüela Pass, bordée de congères
de neige et toujours aussi magique, également sous le soleil. Au
col (2380 mètres), juste un restaurant. Des touristes en car et
quelques motards en cuir contemplent avec nous ce merveilleux paysage de
montagne enneigée. Ils viennent d’Allemagne, d’Autriche, de Hollande
et même de France.
Zernez, village à clocher pointu, Zuoz,
qui s’étire dans la plaine de l’Engadine, où coule une rivière
d’un vert laiteux. Une vallée inoubliable, cernée de hautes
cimes blanches majestueuses.
Pontresina, station d’altitude cossue du côté
suisse-italien. Une voie ferrée à voie métrique longe
la route. Enfin , le Bernina Pass (col à 2328 mètres d'altitude),
où nous retrouvons un restaurant, deux ou trois autocars et quelques
motards.
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Suisse
italienne
Posciavo, joli village, ancien et néanmoins
propret, qui
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Après une longue descente de l’autre
côté du col, nous arrivons à Posciavo, joli village
de la Suisse italienne qui nous laissera un beau souvenir. En particulier
son torrent, sa cathédrale ancienne, ses touristes (mais pas trop)
et surtout son “eis Cafe” (spécialité alémanique de
glace vanille fondant dans un grand verre de café froid) sublime,
le meilleur qu’on n’ait jamais gouté - et pourtant, nous avons une
certaine expérience en la matière !
Retour dans l’autre sens, direction Saint Moritz.
De nouveau le Silser See, au bord duquel nous passerons 20 minutes idyliques
et bucoliques.
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Suisse alémanique
En route vers Le Julier Pass,
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En route vers le Julier Pass par une belle route
bien large empruntée par de nombreux cyclistes : des purs et durs
!
Petit arrêt au col (2281 mètres),
où nous retrouvons la trilogie "restau-cars-motards" avant de redescendre
par une jolie route facile, longée par un petit torrent chantant.
Bivio, beau village suisse avec son plouc rougeaud
à casquette et sa pêcheuse en treillis kaki. Savognin, gros
bourg dans la vallée, qui sent l’herbe. Tiefencastel puis Davos,
où nous faisons un tour à pied dans la grand rue : les magasins
sont déjà fermés (il est à peine 18h35 pour
nous Français, mais je confirme qu'on se couche tôt dans ces
montagnes). Davos a une réputation de ville très chic : certes,
il y a de nombreux bijoutiers et horlogers, mais ce sont des boutiques
au luxe discret…Très suisse, cette discrétion frôlant
l'austérité ? Ensuite, c'est le chemin du retour par Kloster
jusqu’à notre pension, où nous dinerons ce soir d’une … “wurst”,
bien sûr !
Vendredi 22
Dès 9h30, nous disons "Aufwiedersehen,
St Antönien", après un parfait petit déjeuner (avec
viande des grisons et fromage parfumé). Heinz, enrhumé ce
matin, qui nous dit avoir pris “froid dans le con-gé-la-teur à
moins 35°”, avec l’accent suisse trainant, nous arrache un sourire.
Pittoresque
bien que peu communicatif … Bienheureux Suisses, tellement tranquilles
dans leur paradis verdoyant, pourquoi seraient-ils curieux du monde ?
Nous quittons les montagnes pour la grande
vallée de communication (où file l'autoroute), avant de remonter
vers de nouvelles montagnes (en Suisse, on n'est jamais loin de la Montagne)
par la route 19.
Le patois local nous esbaudit : “combras”
pour chambres, “garacha” pour garage, “abitenzum de vacancia” … Quelle
est son origine ?
La 19, très empruntée, est en
mauvais état. A Disentis, nous bifurquons vers le Lukmanier Pass,
moins touristique. Tunnels vieillots, anciennes bornes de pierre, vieux
murs puis riant paysage vert pomme. Comme partout, ces typiques chalets
en bois sombres, à volets rouges et verts. Un élevage de
nains de jardin … dans un jardin !
Le Lac S. Maria (artificiel) puis le Lukmanier
(1920 mètres) avec son restau (l’Ospizio) … où nous déjeunerons
sur la terrasse, dans une lumière blanche d’altitude et sous un
soleil ardent. A côté de nous, des motards Munichois en cuir
noir, plus tout jeunes mais qui en veulent encore, semble t'il.
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Suisse
Au sommet du Lukmanier Pass, qui fait frontière entre les deux Suisses |
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Ensuite, c'est la descente sur le Ticino, jusqu’à
Bellinzona et Locarno avant de rejoindre le Lac majeur.
Le Tessin (Ticino), c’est entre la Suisse et
l’Italie : fini, le paysage nickel-propre aux herbes tondues si agréable
à l’oeil. La nature est ici laissée à l’abandon ou
presque. Vignes et peupliers, le climat change, un avant-goût d’Italie.
Biasca, puis Bellinzona, bourg sans charme,
avec HLM et bouchons, façages décrépies et klaxons.
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Italie
Les Mythiques iles Boromées, même vue de loin, ont tout pour faire rêver. A condition de faire abstraction de la route bruyante qui longe le lac et de ses parkings minuscules. |
Italie Il ne neigeait pas, sur le Lac Majeur, ce jour
là, au contraire, il faisait très chaud !
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Enfin le lac Majeur. De nouveau, cette route
étroite et encombrée des bords de lac. Bientôt, après
avoir par miracle trouvé une place sur un minuscule parking, nous
pouvons, penchés à la balustrade, contempler une île
et son château en ruine … Dont nous apprendrons qu’il s’agit du fameux
"Castelli Boronei". Et donc des mythiques iles Boromées … A visiter
une autre fois ?
Deuxième arrêt à Verdania,
charmante petite ville des bords du lac, ses mini-plages, ses jardins et
ses statues, son jeu d’échec en plein air … Malgré la chaleur,
nous apprécions ce joli décor si photogénique.
Puis c’est le retour par l’autoroute vers Turin
et le Col de Tende.
Ravis de notre week-end et de ses contrastes
- entre sud et nord, entre chaleur des bords de lacs italiens et fraicheur
des Grisons suisses - j'en attraperais au retour un gros rhume … Les risques
du voyage !
Florence CANARELLI
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