Week-end en Suisse-Italie, juin 2001

       trois jours dans les     
          Grisons suisses 

En passant par les lacs italiens, les fameux Laggo  "di Como" et "Maggiore". C'est l'occasion de "monter" du sud vers le Nord 
Idéal pour saisir les contrastes entre Italie, Suisse italienne et Suisse germanophone 
(cliquer sur les images pour les agrandir)

Mercredi 20 juin

Départ de Nice par Vintimille, le Col de Tende et l'autoroute Turin-Milan.
Après Vintimille, la route “européenne” côté italien est très roulante (tunnels nombreux flambants neufs). Retour côté français pour retrouver une vieille route qui tourne (un seul tunnel neuf). Les Italiens semblent plus pressés que nous de faire l'Europe !
Heureusement, les virages du Col de Tende ont été ré-asphaltés : ils en avaient besoin. Quant à  la "frontière", finie, terminée, elle est désaffectée. Surprise, le vieil autoroute pour Turin a également été refait à neuf. Bravo, les Italiens !
Face à nous, se profilent les Alpes enneigées, (Mont Blanc, Zermatt). Dans la région de Turin, sont arrivés Carrefour, Leroy Merlin et autres Auchan. Question commerce, les Français font mieux que sur les routes …
Sur l'autoroute pour Milan, toujours très chargé, nous faisons une halte pour déjeuner dans un snack.
Scène de la "dolce vita" italienne : comme il n'y a pas la moindre table de pic-nic sur le parking, nous mangeons notre part de pizza debouts entre deux poubelles et les chiottes, à regarder passer les camions. La nature est à l'abandon, pas un banc, pas un espace vert aménagé. Par contre, notre glace au café est sublime. Contrastes italiens !
Aux toilettes, la souflerie est en panne, il manque du savon d'un côté, du papier de l’autre, et la propreté laisse à désirer.

Nous reprenons l'autoroute où, aux alentours de Milan, la circulation est intense et nerveuse. Il fait chaud mais pas trop, grâce à la vitre arrière qui descend de notre nouvelle Honda CRX Targa
 
Les bords du lac de Come : déception au premier abord, la route qui longe le lac étant tout sauf romantique 
Sauf pour les bienheureux propriétaires de ces magnifiques villas les pieds dans l'eau : pour eux, la vie est belle !

Bientôt, nous quittons l’autoroute pour la route des bords du lac de Côme. D’abord, déception : cette route n’est faite que de tunnels, et bordées de doubles rangées de glissières et grillages sans possibilité de parking. Si Stendhal voyait ça … Le romantisme n’est pas italien, encore moins l’amour de la nature ?
                          Italie
 

Menaggio, sur le Lac de Come, où nous révisons notre jugement : 
C'est un joli village fleuri, avec vue imprenable sur les Alpes suisses 

Menaggio, village touristique où nous “enlevons le haut” (le toit de la Targa), afin de profiter de l'air (chaud) et du paysage. Là, nous révisons notre jugement : charmants, ces somptueux hôtels baroques de dimensions énormes, juste un peu décrépits. Sommets enneigés en arrière plan.
Cependant, le village n'est pas aussi sublime qu'il pourrait être :  il lui manque une certaine tranquillité, vue la circulation incessante de camions et voitures se croisant dans ses ruelles étroites et tortueuses. Une torture pour les conducteurs de poids lourds, condamnés à des manoeuvres pénibles et délicates - et bloquant par la même occasion la circulation. Bloqués nous-même dans un "bouchon", nous contemplons les façades gentiment dégradées des maisons en essayant de les imaginer repeintes et rutilantes … Mais ce ne serait plus l'Italie, certes.
Après le lac, une riante vallée verdoyante. Chiavenna, dernier bled italien avant la Suisse, fabriques et barres cotoyant le vieux village. La route monte dans les sapins, enfin la Suisse.
 
Paysage verdoyant, chalets aux volets rouges et verts, montagnes enneigées 
                     enfin la suisse !

Premier arrêt dans une station Shell bien propre. Aux toilettes, "nickel-chromes", tout marche, eau chaude et savon à volonté …
Bientôt, M. s’éclate en prenant à fond la caisse des virages parfaitement relevés (dans le bon sens). Grandiose paysage de montagnes civilisées. Col de la Majola, après une route en lacets. Maloja est une belle station de ski (1800 mètres), où trône une énorme batisse aux décors peints qui a des airs de sanatorium.
 
                      Suisse alémanique
Sur le Silser See, un pêcheur dans sa barque
Les alpes enneigées en arrière plan :
            A-t'on trouvé le paradis ?

Sur un lac, le Silser See, un pêcheur dans sa barque. Les névés semblent tout proches. Sils Maria, chère à Nietzsche : merveilleuse région de torrents, prairies, forêts, sommets enneigés.
Saint Moritz, son grandiose Park Hotel Kurhaus avec clochetons, dans une belle vallée plate balayée par les vents, cernée de hautes cimes.
Diner à La Punt-Chamues (drôle de nom) de deux “wurst” (saucisses) maison, dans un "gasthaus" (restaurant) avec vue sur les cimes.
Saucisses, boiseries, propreté, service souriant, ambiance "gemütlich" : bienvenue dans le monde germanique !
Il fait encore jour quand nous reprenons la route, fonçant pour ne pas arriver trop tard à notre gasthaus (on se couche tôt dans ces contrées). Profitons, le toit enlevé et le nez en l'air, des odeurs d’herbes et du vert apaisant de ce paysage bucolique.
Après Zernez et Susch, la route, déserte à cette heure, monte en pente raide, virages serrés dans un paysage de glaciers tout proches. C’est une vallée glaciaire parsemée de névés. Nous arrivons au col du Flüelapass pour assister au coucher du soleil sur un ciel rose : beauté de la Montagne  …  D’ailleurs, existe-il des montagnes laides ?
Dans la descente, vision hallucinante :  une petite Fiat est arrêtée sur la route étroite, tous phares éteints, les propriétaires étant sur le bas côté, occupés à cueillir des fleurs … Extrêmement dangereux sur cette route si étroite, la nuit. Et d'ailleurs, que font-ils? Nous apprendrons plus tard que certaines espèces de plantes des montagnes sont interdites de cueillette : ces Suisses là ne sont sans doute pas de bons citoyens !
Nous traversons Davos à la nuit noire. Une heure encore et enfin, voici St Antönien, et notre pension “Bellawiese” (après 657km de route) (voir sur le Net, bellawiese.ch).

Jeudi 21

 Au "früstück", où nous arrivons bons derniers, nous retrouvant tout seuls devant un énorme buffet de jambons, fromages, confitures, müesli …(les autres pensionnaires ont déjeuné plus tôt, comme des Suisses qu'ils sont !). Le patron de la pension, Heinz Rieder, grande barbe et pantalon en “peau de vache” (à tâches noires sur fond blanc !), est  lui aussi très Suisse : pas antipathique mais réservé et peu disert. Il répond quand même à notre question concernant la neige sur les sommets que l'on voit de la fenêtre : c'est parait-il exceptionnel, car il a neigé à la Pentecôte.
 

                       Suisse alémanique
Notre "gasthaus Bellawiese", dans le petit village de Sankt Antönien, parfaitement tranquille hors des grands axes de circulation

Bientôt, nous traversons St Antönien sous le soleil, idylique village suisse (et mini-station de ski) dans une nature parfaitement entretenue et verdoyante. De nouveau sur la petite route qui suit le torrent radieux, jusqu’à Küblis, avant de rejoindre la nationale.
J'observe avec curiosité les maximes, en caractères gothique, peintes sur les façades des chalets, qui disent par exemple (en allemand) “Ma maison est mon univers …”
Klosters, gros bourg dans la vallée, au pied de la station chic de Davos. De gigantesques travaux sont en cours pour contourner la ville. Une route qui évite un village, voila la conception suisse de la qualité de la vie … Une idée que je partage pleinement.

Davos, ses grands hôtels austères, ses Klinik et Kurhaus qui ont remplacé les sanatoriums du temps de la "Montagne Magique" (lire Thomas Mann). Puis, nous reprenons, en sens inverse, la route du Flüela Pass, bordée de congères de neige et toujours aussi magique, également sous le soleil. Au col (2380 mètres), juste un restaurant. Des touristes en car et quelques motards en cuir contemplent avec nous ce merveilleux paysage de montagne enneigée. Ils viennent d’Allemagne, d’Autriche, de Hollande et même de France.
Zernez, village à clocher pointu, Zuoz, qui s’étire dans la plaine de l’Engadine, où coule une rivière d’un vert laiteux. Une vallée inoubliable, cernée de hautes cimes blanches majestueuses.
Pontresina, station d’altitude cossue du côté suisse-italien. Une voie ferrée à voie métrique longe la route. Enfin , le Bernina Pass (col à 2328 mètres d'altitude), où nous retrouvons un restaurant, deux ou trois autocars et quelques motards.
 
        Suisse italienne

Posciavo, joli village, ancien et néanmoins propret, qui
nous laissera un beau souvenir

Après une longue descente de l’autre côté du col, nous arrivons à Posciavo, joli village de la Suisse italienne qui nous laissera un beau souvenir. En particulier son torrent, sa cathédrale ancienne, ses touristes (mais pas trop) et surtout son “eis Cafe” (spécialité alémanique de glace vanille fondant dans un grand verre de café froid) sublime, le meilleur qu’on n’ait jamais gouté - et pourtant, nous avons une certaine expérience en la matière !
Retour dans l’autre sens, direction Saint Moritz. De nouveau le Silser See, au bord duquel nous passerons 20 minutes idyliques et bucoliques.
 
          Suisse alémanique

En route vers Le Julier Pass,
ses torrents chantants et ses motards en provenance de toute l'europe

En route vers le Julier Pass par une belle route bien large empruntée par de nombreux cyclistes : des purs et durs !
Petit arrêt au col (2281 mètres), où nous retrouvons la trilogie "restau-cars-motards" avant de redescendre par une jolie route facile, longée par un petit torrent chantant.
Bivio, beau village suisse avec son plouc rougeaud à casquette et sa pêcheuse en treillis kaki. Savognin, gros bourg dans la vallée, qui sent l’herbe. Tiefencastel puis Davos, où nous faisons un tour à pied dans la grand rue : les magasins sont déjà fermés (il est à peine 18h35 pour nous Français, mais je confirme qu'on se couche tôt dans ces montagnes). Davos a une réputation de ville très chic : certes, il y a de nombreux bijoutiers et horlogers, mais ce sont des boutiques au luxe discret…Très suisse, cette discrétion frôlant l'austérité ? Ensuite, c'est le chemin du retour par Kloster jusqu’à notre pension, où nous dinerons ce soir d’une … “wurst”, bien sûr !

Vendredi 22

Dès 9h30, nous disons "Aufwiedersehen, St Antönien", après un parfait petit déjeuner (avec viande des grisons et fromage parfumé). Heinz, enrhumé ce matin, qui nous dit avoir pris “froid dans le con-gé-la-teur à moins 35°”, avec l’accent suisse trainant, nous arrache un sourire. Pittoresque bien que peu communicatif … Bienheureux Suisses, tellement tranquilles dans leur paradis verdoyant, pourquoi seraient-ils curieux du monde ?
Nous quittons les montagnes pour la grande vallée de communication (où file l'autoroute), avant de remonter vers de nouvelles montagnes (en Suisse, on n'est jamais loin de la Montagne) par la route 19.
Le patois local nous esbaudit : “combras” pour chambres, “garacha” pour garage, “abitenzum de vacancia” … Quelle est son origine ?
La 19, très empruntée, est en mauvais état. A Disentis, nous bifurquons vers le Lukmanier Pass, moins touristique. Tunnels vieillots, anciennes bornes de pierre, vieux murs puis riant paysage vert pomme. Comme partout, ces typiques chalets en bois sombres, à volets rouges et verts. Un élevage de nains de jardin … dans un jardin !
Le Lac S. Maria (artificiel) puis le Lukmanier (1920 mètres) avec son restau (l’Ospizio) … où nous déjeunerons sur la terrasse, dans une lumière blanche d’altitude et sous un soleil ardent. A côté de nous, des motards Munichois en cuir noir, plus tout jeunes mais qui en veulent encore, semble t'il.
 
                           Suisse

Au sommet du Lukmanier Pass, qui fait frontière entre les deux Suisses

Ensuite, c'est la descente sur le Ticino, jusqu’à Bellinzona et Locarno avant de rejoindre le Lac majeur.
Le Tessin (Ticino), c’est entre la Suisse et l’Italie : fini, le paysage nickel-propre aux herbes tondues si agréable à l’oeil. La nature est ici laissée à l’abandon ou presque. Vignes et peupliers, le climat change, un avant-goût d’Italie.
Biasca, puis Bellinzona, bourg sans charme, avec HLM et bouchons, façages décrépies et klaxons.
 
                                   Italie 

Les Mythiques iles Boromées, même vue de loin, ont tout pour faire rêver. A condition de faire abstraction de la route bruyante qui longe le lac et de ses parkings minuscules.


                                     Italie

Il ne neigeait pas, sur le Lac Majeur, ce jour là, au contraire, il faisait très chaud !
Mais Verdania est une jolie petite ville bien agréable, et si photogénique.

Enfin le lac Majeur. De nouveau, cette route étroite et encombrée des bords de lac. Bientôt, après avoir par miracle trouvé une place sur un minuscule parking, nous pouvons, penchés à la balustrade, contempler une île et son château en ruine … Dont nous apprendrons qu’il s’agit du fameux "Castelli Boronei". Et donc des mythiques iles Boromées … A visiter une autre fois ?
Deuxième arrêt à Verdania, charmante petite ville des bords du lac, ses mini-plages, ses jardins et ses statues, son jeu d’échec en plein air … Malgré la chaleur, nous apprécions ce joli décor si photogénique.
Puis c’est le retour par l’autoroute vers Turin et le Col de Tende.
Ravis de notre week-end et de ses contrastes - entre sud et nord, entre chaleur des bords de lacs italiens et fraicheur des Grisons suisses - j'en attraperais au retour un gros rhume … Les risques du voyage !

                                                                                                                                                       Florence CANARELLI
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